Histoire d'Adonis Mourant
Cette statue de marbre du XVIème siècle, oeuvre de Vincenzo Rossi da Fiesole, est visible au musée du Bargello à Florence. Pour en savoir plus sur le musée du Bargello et Florence.
Histoire du Mythe d'Adonis
Le mythe d’Adonis a pris naissance au Moyen Orient, sous le nom d’Adon-Adonei, avant d’arriver en Grèce et en Italie. Il symboliserait non seulement le cycle de la nature, mais aussi celui de la vie et de la mort. Des fêtes exclusivement féminines étaient données en son honneur.
Le poète Ovide (43 av.J-CH – 17 ap.J-CH) nous conte dans ses Métamorphoses que Smyrna, appelée aussi Myrrha, fille de Métharmè et du roi de Chypre Cinyras, éprouvait pour ce dernier un désir incestueux. Mais ce désir venait d’Aphrodite (Vénus chez les romains), désireuse de se venger de Métharmè qui avait osé prétendre que sa fille était plus belle que la déesse.
Avec la complicité de sa nourrice Hippolité qui avait enivré son père, elle put le rejoindre dans son lit. Quand Cinyras se rendit compte qu’il avait eu des relations avec sa propre fille, il voulut la tuer mais Smyrna s’enfuit, suppliant les dieux de lui éviter de continuer à vivre avec cette honte. Aphrodite elle-même, émue de ce désespoir, la métamorphosa en balsamier, l’arbre à myrrhe et la gomme qui en suinte sont les larmes de Smyrna-Myrrha.
Neuf mois après, Ilithyie (Lucine chez les romains) déesse des accouchements fendit l’écorce de l’arbre dont sortit Adonis. Il était d’une telle beauté qu’Aphrodite s’éprit passionnément de lui, ne le quittant en aucune occasion. Cependant un jour elle le laissa aller seul à la chasse (sa passion) durant laquelle, malgré ses conseils de prudence, il fut mortellement blessé par un sanglier.
Aphrodite, en le recherchant, se blessait aux ronces de la forêt et son sang colora les roses en rouge alors que jusqu’à présent elles n’étaient que blanches. Du sang d’Adonis poussa l’anémone purpurine, symbole de la fugacité de la vie.
Mais c’est le récit du Pseudo Apollodore (IIème siècle ap.J-CH) qui donna à Adonis toute sa place en tant que divinité agricole liée aux cycles des saisons. Dans cette version c’est un sanglier (prémonition des causes de sa mort) qui, fendant l’écorce de l’arbre, en fait sortir Adonis nouveau-né. Aphrodite le place dans un coffre en bois et le confie à Perséphone (Proserpine chez les romains), déesse des Mondes Souterrains et épouse d’Hadès (Pluton chez les romains), roi des Enfers. Adonis, en grandissant devient d’une telle beauté que Perséphone s’éprend de lui, refusant de le rendre à Aphrodite. Les deux déesses demandent alors l’arbitrage de Zeus (Jupiter chez les romains) qui décida qu’Adonis resterait un tiers de l’année avec Perséphone, un autre tiers avec Aphrodite et que le tiers restant lui appartiendrait.
Le tiers de sa vie avec Perséphone correspond aux mois d’hiver, le deuxième tiers, avec Aphrodite au printemps. Mais Adonis, ayant choisi de rester ses quatre mois, correspondant à l’été, avec la déesse de l’Amour, symbolise ainsi les temps de la floraison puis des récoltes.
La mort d’Adonis est par contre causée par Héphaïstos (Vulcain chez les romains), dieu de la forge et des techniques, mari d’Aphrodite, et par Arès (Mars chez les romains), dieu de la guerre, son amant, qui tous deux, jaloux de la passion qu’éprouvait Aphrodite pour Adonis, envoyèrent le sanglier causer sa mort.
Dans sa compilation des Légendes de la mythologie grecque, Ptolémée Héphaistion (Ier siècle ap.J-CH) rend Apollon responsable de la mort d’Adonis, soit qu’il ait voulu se venger d’Aphrodite qui avait rendu aveugle son fils Erymanthos, soit par jalousie, car ayant été lui-même l’amant du jeune homme, celui-ci à présent lui préfère la déesse.
Platon (428 – 348 av.J-CH.) dans Phèdre décrit les Jardins d’Adonis qui sont des pots dans lesquels les femmes syriennes faisaient pousser trop rapidement des plantes qui ensuite fanaient très vite à l’imitation de la brève vie d’Adonis.
A Rome, pendant les fêtes d’Adonie, les femmes pleuraient et se lamentaient durant huit jours sur la mort d’Adonis.
L’oeuvre
Ce groupe en marbre clair fut d’abord attribué à Michel Ange (1475 – 1564) avant d’être reconnu comme une œuvre de Vincenzo de Rossi.
Acquise par Isabella de Médicis pour sa villa de Poggio-Baroncelli, le groupe intitulé Adonis mourant se trouve actuellement au musée du Bargello.
Adonis, une main soutenant sa tête, semble davantage dormir que mourir des blessures bien évidentes infligées par le sanglier à son torse et à sa cuisse. Celui-ci, installé sous ses jambes entrecroisées, bien campé sur ses pattes, est tout près de vouloir encore lui donner des coups avec ses impressionnantes défenses. Le groin hirsute du sanglier sauvage offre un contraste saisissant avec la pose alanguie, presque féminine d’Adonis.
En savoir plus sur l'artiste
Vincenzo de Rossi naît à Fiesole, petite ville au-dessus de Florence, en 1525. Il rejoint l’atelier de Bartlomeo Brandini (1493 – 1560), le rival décrié de Michel Ange, mais dont l’influence se ressentira dans ses œuvres. En 1546 il rejoint Rome où il reçoit quelques commandes, mais préfère retourner à Florence en 1553. Il y travaille exclusivement pour les Médicis qui apprécient ses œuvres monumentales à sujets mythologiques. Il ne quittera plus Florence et y meurt en 1587.