Histoire de Hercule libérant Prométhée
Ce tableau, une huile sur toile du XVIIIème siècle, oeuvre de Giuseppe Baldrighi, est visible à la Galerie Nationale de Parme.
Histoire du mythe de Prométhée
Prométhée dont le nom signifie le Prévoyant est un Titan, fils de Japet et de Thémis, la seconde épouse de Zeus.
Lors de la lutte entre les Titans et les Dieux il prend prudemment le parti de Zeus, échappant ainsi au châtiment des Titans précipités dans le Tartare. Prométhée créa les hommes à l’image des Dieux en les modelant à partir d’argile et Athéna par son souffle leur donna la Vie. Il devint ainsi le protecteur des hommes, leur enseignant les Sciences et les Arts, mais aussi à tromper les Dieux, ne leur laissant lors des Sacrifices que les os cachés par une graisse odorante et gardant ainsi pour eux la chair des animaux sacrifiés.
Cependant Zeus refusait de donner le feu aux hommes pour qu’ils ne deviennent pas les égaux des Dieux. Prométhée se rendit alors secrètement dans l’Olympe et déroba du feu, soit au char du Soleil, soit à la forge d’Héphaïstos (dieu de la forge et de la métallurgie), le cachant dans la tige d’un fenouil. Zeus, voulant se venger de ce vol et des hommes, créa une femme d’une incroyable beauté, Pandora, qu’il envoya chez le frère de Prométhée, Epiméthée. Malgré les recommandations de son frère de n’accepter aucun cadeau des Dieux, Epiméthée épousa Pandora qui ouvrit la jarre que Zeus lui avait donnée. De celle-ci s’échappèrent tous les maux qui se répandirent ainsi sur la terre. Seule l’Espérance y resta. Dans une autre version de cette « boîte de Pandore », ce sont les bienfaits qui s’échappèrent et se perdirent en laissant cependant aux hommes l’Espoir.
Mais Zeus ne se contenta pas de cette vengeance et envoya deux serviteurs, Cratos, la Force et Bia, la Violence, s’emparer de Prométhée qui, amené sur le Mont Caucase, y fut enchaîné pour qu’un aigle (ou un vautour) vienne tous les jours lui dévorer le foie. Prométhée étant un Titan, donc immortel, son foie se régénérait chaque nuit et son supplice devait être sans fin.
Cependant, Prométhée connaissait un secret concernant Zeus. Il négocia sa libération, révélant alors au Maître de l’Olympe que s’il épousait la néréide Thétis, il lui naîtrait un fils plus puissant que lui qui prendrait ainsi sa place. Thétis fut alors contre son gré mariée à Pélée, roi de Phthie, et de leur union naquit Achille.
Héraclès fut chargé de tuer l’aigle avec une de ses flèches empoisonnées par le venin de l’Hydre de Lerne, puis de briser les chaînes forgées par Héphaïstos. Cependant Zeus ne voulant se déjuger, l’ayant condamné à demeurer éternellement enchaîné sur le Caucase, exigea que Prométhée porte symboliquement un anneau fabriqué avec un fragment de ses chaînes et un morceau de pierre du Caucase.
Ce mythe, un des plus anciens de la Grèce Antique, donna lieu à plusieurs interprétations. Pour Hésiode, poète grec du VIIème siècle av.J-C, Zeus punit les hommes qui voulaient devenir les égaux des Dieux par l’envoi de la Femme, cause de tous les maux de l’humanité. Pour Eschyle, Vème siècle av.J-C, dans sa tragédie - Prométhée Enchaîné – Prométhée est le bienfaiteur des hommes s’opposant aux Dieux et il en sera puni par son supplice. Platon nous conte que les Dieux qui façonnèrent les hommes et les animaux chargèrent Prométhée et Epiméthée de donner à chaque créature les qualités nécessaires pour vivre et survivre sur terre. Epiméthée persuada son frère de le laisser faire, mais imprévoyant comme son nom l’indique, il donna d’abord toutes les qualités aux animaux, laissant les hommes nus et sans possibilité d’évoluer. Prométhée dut alors voler le feu dans la forge d’Héphaïstos et la connaissance des arts chez Athéna et il en fut puni.
Les chrétiens, avec Tertullien, théologien du IIème siècle ap.-J.C., établirent une ressemblance entre Prométhée et Jésus. Les deux, ayant voulu sauver les hommes, furent suppliciés pour ceci. Les Romantiques au XIXème siècle en firent un héros rebelle s’opposant à la tyrannie des Dieux et des Puissants.
L’oeuvre
Cette huile sur toile, réalisée en 1772 par Giuseppe Baldrighi, se trouve à la Galerie Nationale de Parme. L’artiste, largement séduit par le baroque français, oppose ici deux physiques et deux caractères totalement différents. Prométhée, bon, juste, sauveur de l’humanité, n’est vu que de dos et bien qu’encore attaché à la roche, se tient presque alangui ne montrant sur son corps gracieux aucune trace de son supplice.
Le spectateur, par contre, peut voir Hercule dans toute cette brutalité qui lui causa tant de torts. Sa tête enfoncée, presque jusqu’aux yeux, dans la tête du lion de Némée qui lui sert de coiffe, tous ses muscles bandés, Hercule tire sur la chaîne dont un maillon a déjà cédé. L’aigle, ses ailes largement déployées, abattu par une flèche empoisonnée, gît sur une massue, autre attribut essentiel d’Hercule.
Malgré toute sa perfection technique, ce tableau n’exprime pas toute la démesure – l’Hubris – de ce mythe.
En savoir plus sur l'artiste
Giuseppe Baldrighi naît en 1722 à Stradella, petite ville près de Pavie. Il se forme à Florence dans l’art de la miniature et remarqué par le duc de Parme, il peut gagner Paris où il restera quatre ans. Il y continue sa formation au contact des peintres François Boucher, Jean-Baptiste Oudry et Quentin de la Tour. Il retourne à Parme, où tout en ayant son propre atelier, il est nommé peintre officiel de la cour ducale.
Il accompagnera le grand tournant de la peinture du XVIIIème siècle en ne produisant aucune peinture religieuse, mais presque exclusivement des portraits, très ressemblants, de la famille ducale et des personnalités de la ville.
Il meurt en 1833 à Parme où honoré et apprécié il était devenu le directeur de l’Académie de Peinture.