Histoire de Saint Thomas l'Incrédule
Ce volet de retable daté des années 1480, représentant Saint Thomas, est exposé au musée des Unterlinden à Colmar. Pour en savoir plus sur Colmar et l'Alsace.
Histoire de Saint Thomas
Si son nom est cité dans les Evangiles Synoptiques, son rôle dans le ministère du Christ se trouve essentiellement dans l’Evangile de Saint Jean. Il est appelé Thomas le Didyme, c’est-à-dire le Jumeau. Dans la tradition syriaque son nom est Judas Te’Oma. Te’Oma signifiant jumeau en araméen, mais il est aussi appelé Jude Thomas. Rien n’est dit sur ce jumeau, mais pour certains écrits apocryphes ou mystiques, il s’agirait de Jésus lui-même.
Il est, comme d’autres disciples, pêcheur sur le lac de Tibériade. Il apparaît dans l’épisode de la résurrection de Lazare et lors de la Dernière Cène. Cependant lorsque les disciples lui annoncent avoir vu le Seigneur ressuscité après sa crucifixion, il affirme qu’il n’y croirait que s’il pouvait mettre son doigt dans les plaies du Christ. La semaine suivante, alors que les douze disciples étaient réunis dans un local clos, le Christ leur apparut et s’adressant à Thomas lui dit de mettre son doigt sur les plaies de ses mains, et sa main dans son côté, et ainsi ne plus se montrer incrédule car « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ». Ce doute lui valut le surnom de Thomas l’Incrédule ou le Sceptique.
D’après Eusèbe de Césarée, le Christ avait promis au Roi Agbar V d’Edesse de lui envoyer son disciple Judas, appelé aussi Thomas, pour le guérir d’une maladie incurable. Mais après l’Ascension du Christ, ce fut Saint Thomas qui lui envoya l’apôtre Thaddée, dit aussi Judas Thaddée.
Saint Thomas, en compagnie de Saint Barthélemy, se rendit en Syrie, en Mésopotamie et en Thrace dans le but d’évangéliser ces régions. Dans l’Apocryphe de Jean, Saint Thomas fut miraculeusement transporté à Jérusalem pour assister à la Dormition de la Vierge. Mais arrivé trop tard à l’Assomption de la Vierge, Celle-Ci lui fit parvenir sa ceinture pour qu’il puisse aussi croire sans l’avoir vue. Cette Sainte Ceinture est conservée depuis le XIIIème siècle dans la cathédrale de Prato en Italie.
D’après la Légende Dorée de Jacques de Voragine, Thomas fut envoyé par le Christ dans le Gandhara (actuel Pakistan) pour construire un palais pour le Roi Gondopharès. Mais Saint Thomas distribua aux pauvres tout l’argent destiné à cette construction et expliqua au Roi qu’il lui avait construit un palais, non sur terre mais au ciel. Saint Thomas fut jeté en prison, mais Gab, frère du Roi, ressuscita pour lui dire qu’il avait bien vu ce palais céleste qu’il ne pourra occuper que s’il se convertissait, ce que le Roi fit tout de suite, ainsi que toute sa famille.
Libéré, Saint Thomas partit pour le Kerala (Inde du Sud) où vers l’an 79 il fut tué d’un coup de lance par un prêtre païen, jaloux de ses miracles. Il fut enseveli à Mylapore, près de Madras, l’actuelle Chennai. Vers 232, ses reliques furent transférées de Mylapore à Edesse, l’actuelle Urfa en Turquie. Cependant la basilique San Tommaso Apostolo de la ville d’Ortona dans les Abruzzes se targue depuis le XIIIème siècle de posséder les reliques du Saint.
Ses attributs sont – la lance de son supplice et l’équerre de l’architecte - mais il est le plus souvent représenté touchant les plaies du Christ. Il est fêté le 3 juillet et il est le Saint Patron des Architectes. Etre comme Saint Thomas est passé dans le langage courant pour critiquer quelqu’un qui ne croit que ce qu’il voit.
L’oeuvre
Il s’agit d’un volet d’un retable peint vers 1480 par Martin Schongauer ou par son atelier. Il était destiné au maître-autel de l’église des dominicains de Colmar.
Le volet est divisé en 4 panneaux, les deux supérieurs représentent la descente de la croix et la mise au tombeau, les deux inférieurs la rencontre de Marie Madeleine et du Christ après sa résurrection ainsi que le panneau de Saint Thomas.
La panneau consacré à Saint Thomas représente une pièce dans laquelle se sont, par crainte, réfugiés les disciples du Christ après sa crucifixion. La chambre est fermée par une porte aux solides ferrures et même la fenêtre est occultée. Seuls le Christ, apparu miraculeusement, et Saint Thomas se font face, les autres Apôtres n’ayant volontairement pas été représentés. Le Christ, le visage attristé, portant la bannière de la Résurrection, saisit le poignet de Thomas pour porter sa main à la plaie de son flanc. Le Saint, les genoux ployés, ne peut lui affirmer qu’il croit en sa Résurrection simplement en le voyant, car le Christ l’oblige à faire ce qu’il avait précédemment affirmé aux disciples. Bien que les couleurs utilisées soient vives et éclatantes, elles sont éclipsées par l’or du nimbe surdimensionné de l’Apôtre et du tissu de brocard d’or qui cache la fenêtre. |
En savoir plus sur l'artiste
Martin Schongauer, dit le Beau Martin, est un peintre et graveur né à Colmar vers 1450 et mort à Breisach en 1491.
Après une formation dans l’atelier de gravure de son père Caspar, il voyage en Allemagne, Flandre et Bourgogne pour se perfectionner. De retour à Colmar en 1469 il alliera dans ses œuvres le gothique international au naturalisme du début de la Renaissance.
Si ses œuvres les plus connues sont des peintures – retable d’Orlier et Vierge au buisson de roses – son travail de graveur fut important et très apprécié à son époque.