Histoire de la mise au Tombeau du Christ
Ce groupe sculpté est situé dans l'abbaye Saint Pierre de Moissac en France.
La mise au Tombeau du Christ est un événement relaté par les quatre évangélistes mais le récit diffère sensiblement dans l’Evangile de saint Jean.
La loi de Moïse interdisait qu’un cadavre reste exposé sans sépulture durant la nuit, surtout à la veille du Sabbat, et c’est la raison pour laquelle Joseph d’Arimathie, disciple en secret du Christ, alla demander à Pilate le droit de descendre le supplicié de la croix et de l’ensevelir. Il enroula donc le corps dans un linceul et le plaça dans une tombe taillée dans le roc puis roula une pierre ronde devant l’ouverture. Comme on était à quelques heures du commencement du Sabbat, il pensait attendre la fin de celui-ci pour procéder aux rites prescrits.
Cette version de Mathieu, Marc et Luc semble plus vraisemblable que celle de Jean. Celui-ci fait intervenir Nicomède qui le rejoint, apportant un mélange de myrrhe et d’aloès d’un poids énorme de 100 livres. Ils eurent même le temps de l’entourer de bandelettes imprégnées d’aromates selon les usages et cela en moins de 3 heures.
Le groupe sculpté de 8 personnages en noyer sculpté et peint fut réalisé sur les ordres des abbés Pierre et d’Antoine de Carmaing au XVème siècle. Il reprend l’iconographie classique au XVème et XVIème siècles qui suit le récit de saint Jean.
Le corps du Christ portant les stigmates est posé sur le suaire que Joseph d’Arimathie à la tête, et Nicomède aux pieds, déposent dans un sarcophage blasonné.
A l’arrière plan se tient Marie, épouse de Cleophas, une proche parente de la Vierge et mère de 3 apôtres, essuie ses larmes avec un linge. Au centre, la Vierge Marie qui prie les mains jointes, est soutenue par saint Jean dont le regard est dirigé sur le corps du Christ. Marie Salomé, femme de Zébédé, demi-sœur de Marie, mère des apôtres de Jacques et Jean, essuie elle aussi ses larmes, c’est pourquoi ces deux femmes sont parfois assimilées à des pleureuses professionnelles. Marie Madeleine est reconnaissable au pot d’aromates qu’elle porte et avec lesquels elle avait essuyé les pieds de Jésus l’implorant de lui pardonner sa vie de pécheresse.
Les costumes reproduisent fidèlement l’habillement de la fin du XVème siècle, avec une richesse dans les détails des vêtements et des visages qui en font un chef d’œuvre de la Renaissance. Une restauration dans les années 60 a redonné à ce groupe toute la beauté de la polychromie d’origine.