Histoire de Jaël et Sisara
Ce tableau de la toute fin du XVIIème siècle, huile sur toile d’Abraham Godyn, intitulé Jaël et Barac devant le corps de Sisara, est exposé au Palais Schwartzenberg de Prague en République Tchèque.
Histoire de Jaël et Sisara
Cet épisode de la Bible se trouve dans le Livre des Juges chapitre IV et V.
Alors que Déborah était juge et prophétesse, Jabin roi d’Hazor attaqua Israël avec 900 chars de guerre commandés par son général en chef Sisara. Déborah, inspirée par Dieu, convoqua Barac, chef de l’armée des israélites et lui ordonna d’aller avec 10000 hommes à la rencontre des cananéens et lui révéla qu’il les battrait sur les rives du torrent de Sison. Barac exigea alors que Déborah l’accompagne car lui-même n’avait pas eu ce message de l’Ange de Yahweh. Déborah accéda à cette demande, mais annonça aussi à Barac que la gloire de tuer Sisara reviendrait à une femme et non à lui.
Son armée battue et débandée, Sisara, abandonnant son char, s’enfuit à pied jusqu’à la tente de Jaël, femme d’Haber le Kenite dont la tribu descendante de Caïn, était en paix et avec Israël et avec Hazor.
Jaël, s’avançant à la rencontre de Sisara, l’invita à entrer dans la tente, lui offrit du lait pour sa soif puis le cachant sous une couverture lui promit de se tenir à l’extérieur de la tente pour en écarter tout ennemi à sa poursuite. Mais lorsque son hôte, épuisé par le combat, s’endormit se croyant en sécurité, Jaël saisit un piquet de tente et l’enfonça à coups de marteau dans la tempe du fugitif.
Lorsque Barac atteignit enfin la tente de Jaël celle-elle lui montra le corps sans vie de Sisara. Plus tard, Déborah et Barac entonnèrent un chant glorifiant la victoire des israélites et l’action de Jaël qui, inspirée par Yahweh, avait fait passer ce devoir avant les lois sacrées de l’hospitalité.
L’oeuvre
Cette huile sur toile, datée de 1698, est une des rares peintures qui nous reste d’Abraham Godyn. L’histoire de Jaël et Sisara, ainsi que celle de Judith et Holopherne, très populaires pendant la Contre-Réforme étaient le symbole de la victoire de l’Eglise Catholique sur le Protestantisme.
Abraham Godyn, au contraire de la majorité des peintres qui montraient l’action sanglante de Jaël, illustre, lui, le verset 22 du chapitre IV du Livre des Juges comme cela est gravé sur la pierre où repose la tête ensanglantée de Sisara.
Un clou de bel acier, et non un simple piquet de tente en bois, reste planté dans la tempe et très peu de sang sourde de cette blessure sur la tête bouclée de Sisara. Barac, vêtu à l’antique, a un geste d’étonnement devant le corps que lui dévoile Jaël. Sur son casque une pointe dorée ressemble au clou ayant servi à tuer Sisara, ce que lui n’a pu faire comme annoncé par la Prophétesse Déborah. Mais on peut aussi imaginer que la main levée de Barac impose le silence à Jaël relatant son exploit et qu’il regarde apitoyé le corps de son ennemi, avant si puissant et à présent gisant, tué d’une mort sans gloire loin des champs de bataille.
Les couleurs de cette toile, au contraire de celles éclatantes des fresques du château de Troja, sont éteintes, crépusculaires et seule la cape rouge de Barac illumine un peu cette scène.
En savoir plus sur l'artiste
Abraham Godyn naît à Anvers en 1655 ou 1656. Il intègre l’atelier d’Hendrik Herrengout, peintre d’histoire d’où plus tard sa préférence pour la peinture d’évènements historiques ou mythologiques.
En 1679 il apparait comme peintre dans les archives de sa ville puis fait un assez long séjour à Rome où il reçoit de Léopold II le titre de peintre du Cabinet de sa Majesté Impériale et Catholique.
Appelé à Prague en 1690, il peint avec son frère Izaac les fresques de la salle d’honneur du château de Troja. Il regagne Anvers en 1711 et devint membre de la Guilde de Saint Luc et de celle des romanistes dont les membres avaient fait un séjour à Rome. Il meurt sans descendance vers 1724 mais aura formé aussi bien à Rome qu’à Anvers de nombreux élèves qui deviendront des peintres de qualité.