Histoire de Saint Jérôme et le lion
Cette huile sur toile du Carpaccio est située à la Scuola di san Giorgio degli Schiavoni à Venise en Italie. Pour en savoir plus sur la Scuola di san Giorgio degli Schiavoni et Venise.
La vie de Saint Jérôme
Saint Jérôme de Stridon est né vers 347 dans l’actuelle Croatie de parents chrétiens et fortunés. Il meurt en 420 à Bethléem. Après des études à Rome il gagne en 373 la Terre Sainte où il vit en ermite dans le désert de Chalcis en Syrie. Après son ordination à Antioche il regagne Rome en 383 où, secrétaire du pape Damase, il traduit sur sa demande la Bible en latin. A la mort du pape il gagne Bethléem où il fonde un monastère où durant 34 ans il se consacre à traduire en latin les textes grecs et hébreux de l’Ancien et du Nouveau Testament. Cette traduction prendra par la suite le nom de Vulgate. Outre ce travail il polémique, souvent d’une manière excessive, contre les thèses d’autres théologiens de l’époque, tels Jovinien , Origène ou Pelage, dont les partisans brûlent son monastère le forçant à se réfugier à Bethléem. A sa mort ses restes sont enterrés à Jérusalem, puis transférés à Rome dans la basilique sainte Marie Majeure. Il est considéré comme un Père de l’Eglise et le saint Patron des traducteurs et des bibliothécaires.
Saint Jérôme et le Lion
La légende dorée raconte l’histoire de la rencontre du saint et du lion. Se promenant dans le désert saint Jérôme se retrouve en face d’un lion qui, au lieu de l’attaquer, se lèche la patte d’un air malheureux.
Saint Jérôme, plein de pitié, retire l’épine qui le blessait. Accompagné du lion reconnaissant, il rejoint son monastère où le fauve jette d’abord l’effroi et la crainte. Mais devant sa douceur et son affection pour le saint, les moines se prennent d’amitié pour le lion et le chargent de garder l’âne du monastère. Mais un jour, le lion revient seul car des bédouins avaient enlevé l’âne. Accusé de l’avoir mangé, le lion subit avec patience et humilité la pénitence qui lui fut infligée, puis disparut. Il retrouva les voleurs, les mit en fuite puis ramena l’âne au monastère mais, épuisé par ses recherches, il expira aux pieds de saint Jérôme.
L’oeuvre
Huile sur toile de 241/211 cm.
Carpaccio s’éloigne de la représentation classique de saint Jérôme le représentant, soit en cardinal
(cette représentation est un anachronisme, car le cardinalat ne fut créé que beaucoup plus tard vers l’an 1000) soit en ermite, vieillard retiré dans une grotte (autre anachronisme car il se retira dans le désert entre 23 et 35 ans.). Dans ce cas un chapeau cardinalice et un lion apparaissent dans le tableau. On le représente aussi très souvent en compagnie des autres Pères de l’Eglise : saint Augustin, saint Ambroise de Milan et le pape Grégoire 1er.
Carpaccio réalise son tableau en s’inspirant de la légende de saint Jérôme ramenant le lion au monastère. Devant des éléments architecturaux qui seraient des édifices existants à l’époque en Terre Sainte, saint Jérôme, âgé comme le montrent sa longue barbe blanche et sa canne, semble étonné de l’affolement que son arrivée créée. Les moines s’enfuient de tous côtés dans un envol de bures blanches et de coules sombres, allant même se réfugier dans les habitations, alors que le lion suit placidement le saint. Des personnages en turban, des pins parasols et quelques animaux exotiques montrent que la scène se passe en Palestine. Dans ce tableau, Carpaccio n’utilise pas son fameux rouge, mais illumine la scène par le bleu des coules des moines.
L'artiste
Vittore Scarpazzo (Venise 1465 – 1526) signait ses oeuvres sous la forme latinisée de son nom Carpathius, devenu Carpaccio en italien.. Il fut l’élève des frères Bellini avant de se rendre à Rome, puis de retourner à Venise. Influencé par Antonello de Messine et la peinture flamande, il fut un des premiers à faire figurer des éléments architecturaux dans ses tableaux.
Il travailla essentiellement pour les scuole et les églises de Venise. Entre 1502 et 1508 il réalisa pour la sculola di san Giogio les cycles de saint Georges, saint Tryphon et saint Jérôme, tous trois originaires de la Dalmatie. Les dalmates étaient plus connus sous le nom de Schiavoni, d’où le nom de la scuola. Un certain nombre de ses œuvres, des portraits ou des décorations, tels ceux de la salle du Grand Conseil ont malheureusement disparu. Le succès le quitta à la fin de sa vie et il ne réalisa plus que quelques petits tableaux, laissant son atelier à son frère Benedetto.