Histoire de Sainte Agathe de Catane
Ce panneau de retable du XVIème siècle, oeuvre de Ramon Oscariz, représente Sainte Agathe de Catane. Il est exposé au musée de Navarre à Pamplune en Espagne.
Histoire de Sainte Agathe
La Légende Dorée (1261 – 1268) de Jacques de Voragine et les Acta Sanctorum (1643 – 1648) ont largement diffusé le récit du martyre de Saint Agathe, martyre déjà relaté au VIIIème siècle par Methode I, patriarche de Constantinople, et au Xème siècle par Symeon Metaphaste.
Agathe naît à Catane – Sicile – en 231 dans une famille noble et riche. Elle-même, d’une grande beauté, très pieuse, avait voué sa vie et sa virginité à Dieu. Le Consul Quintianus, homme de basse extraction, voluptueux et idolâtre, lui demanda de l’épouser. Devant son refus il la fit enfermer pendant 30 jours dans un lupanar dirigé par une certaine Aphrodisie (nette allusion à Aphrodite, déesse de l’amour et des plaisirs). Mais malgré les menaces ou les promesses, rien ne put persuader Agathe de renoncer à son vœu et de céder aux avances du Consul. Ramenée devant ce dernier, la jeune fille refusa de sacrifier aux idoles et affirma que, bien que de noble origine, elle n’était que la Servante du Seigneur.
Furieux, Quintianus ordonna qu’on lui torde les seins, et qu’après les avoir longuement tenaillés ils lui soient arrachés avant qu’elle ne soit jetée dans un cachot sans soins ni nourriture. Au milieu de la nuit, un vieillard muni de médicaments entra dans le cachot de la Sainte, lui proposa de la soigner, ce qu’elle refusa, disant qu’elle laissait ce soin au Seigneur seul. Le vieillard sourit et lui annonça qu’il était Saint Pierre, un des apôtres du Christ, et qu’il venait la guérir en Son Nom. Effrayée par la lumière qui se dégageait du cachot, les gardes avaient pris la fuite, mais Sainte Agathe refusa d’en profiter pour s’échapper, ne voulant pas causer de tort aux gardiens. Amenée quelques jours après devant Quintianus, elle put proclamer que sa guérison venait de Dieu. Le Consul la fit alors étendre, nue sur des charbons ardents, mais pendant ce supplice survint un tremblement de terre que le peuple attribua aux cruautés infligées à Sainte Agathe. |
Le Consul, craignant une sédition, la fit reconduire en prison où implorant Dieu de la recevoir, elle rendit son dernier soupir le 5 février 251.
Son corps fut enseveli dans un sarcophage de porphyre et un an après sa mort, l’Etna entra en éruption mais la lave put être arrêtée aux portes de Catane grâce au voile qui recouvrait sa tombe et qui avait été placé devant le fleuve de feu. Quant au Consul Quintianus, ses chevaux s’étant emballés, il tomba dans un fleuve et son corps ne fut jamais retrouvé. Des miracles s’étant produits sur sa tombe, dont la guérison de la mère de Sainte Lucie, et sa dévotion s’étant répandue aussi bien en Occident que dans le monde bysantin, le Pape Grégoire IX la canonisera en 1228. |
Elle est la Patronne de Catane et de Palerme, ainsi que des nourrices et des fondeurs de cloches. Ses attributs sont – la palme du martyre, un plateau sur lequel reposent ses seins et les tenailles de son supplice. Sainte Agathe est fêtée à Catane le 5 février par des processions et la réalisation de pâtisseries en forme de seins - les minne de Sainte Agathe.
L’oeuvre
Il s’agit d’un panneau de retable de l’église Santa Engracia de Sarriguren. Cette œuvre, huile sur bois, fut peinte dans la seconde moitié du XVIème siècle par Ramon Oscariz, peut-être en association avec sa sœur Catalina. Cette œuvre présente par sa verticalité les caractéristiques de la peinture de la Renaissance espagnole.
Le cadre en bois doré est finement sculpté de colonnettes, de têtes d’angelots et de personnages non identifiés.
Le sujet principal est bien centré et le rouge vif de la cape de la Sainte attire immédiatement l’attention sur elle et son attribut essentiel, ses seins sur un plat. A l’arrière plan, devant les murailles de Catane d’où surgissent des arbres, sont représentés les deux évènements majeurs du martyre de la Sainte. A gauche devant le palais le Consul ordonne au bourreau de couper les seins d’Agathe. Remarquons qu’ici ils sont tranchés et non tenaillés. A droite, un bâtiment, gris, lourd et froid indique la prison où par une fenêtre le spectateur peut voir Saint Pierre guérissant la Martyre.
En savoir plus sur l'artiste
Ramon Oscariz, dont l’activité nous est connue de 1521 à 1575, succède à la mort de son père Menaut à la tête de l’atelier familial de Pampelune. Son style, à la frontière du gothique hispanique et du maniérisme de la Renaissance italienne, lui vaut de nombreuses commandes de retables pour les églises de la région. A sa mort, sans enfant, malgré deux mariages, c’est son neveu, fils de sa sœur Catalina dont l’importance dans l’œuvre de son frère est de plus en plus reconnue, qui prend sa suite, mais sans connaître le succès de son oncle.