Histoire de Polyxène
Cette satute de marbre, oeuvre de Pio Fedi, est située dans loggia dei Lanzi à Florence. Pour en savoir plus sur la loggia dei Lanzi et Florence
Histoire de Polyxène
Polyxène, une des filles de Priam, roi de Troie, et d’Hécube n’apparaît pas dans l’œuvre d’Homère, mais dans les tragédies « Hécube » et les « Troyennes » d’Euripide (480 av.Jc. –400 av.Jc.). Le poète Ovide (43 av.Jc – 17 av. Jc.) reprend le même sujet dans le Livre XIII de ses « Métamorphoses », ainsi que le philosophe Sénèque (4 av.Jc. – 65 ap.JC.) dans sa tragédie intitulée aussi « Les Troyennes ». Jean Racine (1634 – 1699), dans sa pièce « Andromaque », ainsi que Thomas Corneille dans la tragédie « La Mort d’Achille » reprennent l’histoire de la fin tragique de Polyxène.
Polyxène, à la chute de Troie, est capturée avec sa mère par les grecs et font partie toutes deux du butin destiné à Ulysse.
Mais les grecs ne pouvaient, faute d’un vent favorable, quitter les côtes de la Trace jusqu’à ce que l’Ombre d’Achille n’apparaisse, exigeant pour leur départ le sacrifice sur sa tombe de Polyxène. Néoptolème, appelé aussi Pyrrhus, guerrier féroce et sans pitié, (il avait déjà tué le vieux roi Priam et son fils Polites au pied de l’autel où ils s’étaient réfugiés), exigea de sacrifier lui-même, en tant que fils d’Achille, la jeune fille pour honorer la mémoire de son père.
Poxylène monta si dignement et courageusement sur le bûcher funéraire, voulant mourir en reine et non en captive, offrant ou son cou ou son sein à l’arme de Néoptolème que, devant ce spectacle, tous les grecs, émus et en pleurs, recouvrirent, pour l’honorer, son bûcher de tissus précieux et de feuillage.
Dans une autre version, Achille, ayant vu Polyxène, soit lors d’une trêve, soit lorsqu’elle accompagna son père Priam venu l’implorer pour qu’il leur rende le corps d’Héctor, son fils, s’éprit d’elle, la demandant même en mariage. Mais les conditions fixées pour cette union étaient pour Achille impossibles à accepter, si bien que les deux amants se rencontraient en cachette dans un temple à mi-chemin entre Troie et le camp des grecs. C’est lors d’une de ces rencontres que Paris (celui qui avait enlevé la Belle Hélène et cause de cette guerre) ayant eu connaissance par sa sœur du seul point faible d’Achille, le tua d’une flèche au talon, d’où l’expression « le talon d’Achille ». A sa mort elle se serait suicidée, mais pour d’autres auteurs, Achille aurait exigé que celle qu’il considérait comme son épouse soit sacrifiée sur sa tombe pour qu’ils soient ainsi réunis dans les Enfers.
Comme une réminiscence d’antiques sacrifices humains, le départ des grecs pour Troie a nécessité celui d’Iphigénie, fille d’Agamemnon, roi de Mycènes et chef de la coalition, et pour leur retour, celui de Polyxène, fille du roi de Troie.
L’oeuvre
Cette œuvre, dite l’enlèvement ou rapt de Polyxène, du sculpteur Pio Fedi, est la seule statue moderne de la loggia dei Lanzi. Réalisée entre 1860 et 1865 dans un seul bloc de marbre, elle fut tellement admirée par les contemporains qu’elle fut jugée digne en 1866 d’être placée parmi des chefs d’œuvre de la Renaissance.
Dans ce groupe, librement inspiré des tragédies grecques et romaines, Pio Fedi imagine, dans une composition pyramidale, Néoptolème s’emparant de Polyxène après avoir tué Priam et son fils Polites, cependant qu’Hécube essaie désespérément de retenir sa fille.
Néoptolème, athlétique, nu à l’Antique, le visage impassible mais plein de mépris pour ses victimes, rejette son glaive en arrière pour frapper avec force Hécube. Celle-ci, à moitié nue, ses vêtements s’étant défaits pendant la lutte, agrippe d’une main sa fille et de l’autre essaie de repousser son ravisseur. Polyxène, fermement maintenue à la taille, jette un bras en arrière, mettant ainsi en valeur toute la jeune beauté de son torse nu. A leurs pieds, victime de la fureur du grec, gît le malheureux Polites, tel un pantin désarticulé, cherchant la bouche ouverte, un dernier souffle de vie. Il faut examiner ce groupe en détail pour apprécier toute la dextérité de l’artiste. Les doigts des protagonistes s’enfoncent dans les chairs, le casque de Néoptolème est richement décoré tel un casque de parade de la Renaissance, et détail émouvant, une larme coule au coin de l’œil de Polites. |
En savoir plus sur l'artiste
Pio Fedi naît à Viterbe le 31 mai 1816. Suite aux déconvenues financières de son père, il entre en apprentissage chez un orfèvre puis dans un atelier de gravures. Entre 1838 et 1840 il se forme à la sculpture à l’Académie Impériale de Vienne. De retour en Italie, il rejoint l’Académie des beaux Arts de Florence puis l’Académie Saint Luc de Rome. En 1842 il ouvre un atelier à Florence où son style, mariant l’académisme et le classicisme, connaît un vif succès. Le Grand Duc Léopold II lui passe de nombreuses commandes officielles et il crée de nombreuses œuvres, essentiellement à sujets mythologiques ou historiques, mais la plus connue et admirée est celle de la loggia dei Lanzi. |