Histoire de la dernière communion de Sainte Lucie
Cette huile sur toile de Gianbattista TIEPOLO est située dans l'église des Santi Apostoli (Saints Apôtres) à Venise. Pour en savoir plus sur Venise.
Vie de Sainte Lucie
La Légende Dorée de Jacques de Voragine raconte que Lucie naquit dans une famille noble et très riche de Syracuse en Sicile. Très pieuse, sa mère étant malade, Lucie la conduisit sur la tombe de Sainte Agathe de Catane. Après une nuit de prière sa mère se trouva miraculeusement guérie.
A la suite de cette guérison, Lucie demanda à sa mère de pouvoir distribuer, dès cet instant, son héritage aux pauvres et lui annonça aussi son intention de rester vierge. Son fiancé, outré, alla la dénoncer comme chrétienne au gouverneur Pascarius. Ce dernier, pour la punir de cette chasteté qu’elle invoquait comme un acte de foi, la condamna à être violée par tous les débauchés de la ville. Or, malgré l’aide de mille bœufs et d’un magicien, il fut impossible de déplacer Lucie jusqu’au lupanar de la ville. Elle fut alors enduite de poix et d’huile et jetée dans un grand feu. Mais les flammes s’écartèrent d’elle la laissant indemne. Le bourreau, pour en finir, lui enfonça une épée dans la gorge, mais elle n’en mourut pas, annonçant même qu’elle deviendrait la Sainte Gardienne de Syracuse. Elle ne décéda qu’après avoir reçu le Corps du Christ, apporté par des prêtres.
Une légende raconte qu’on lui aurait arraché les yeux lors de son supplice. Une autre, que c’est pour décourager son fiancé qui trouvait ses yeux magnifiques, qu’elle se serait elle-même mutilée. Devant ce sacrifice la Vierge Marie lui en aurait apporté d’autres, encore plus beaux. Son corps, après avoir été transporté à Constantinople, se trouve actuellement à Venise.
Tableau de la Dernière Communion de Sainte Lucie.
Tiepolo représente la Sainte recevant la Communion avant sa mort. Devant les colonnes du palais où elle est jugée, la Sainte, agenouillée, les bras chastement croisés sur sa poitrine, le visage extatique, mais d’une pâleur de mort, déjà couronnée de la nimbe des martyrs, tend son visage vers le prêtre, qui, les épaules couvertes d’une chape dorée lui présente l’hostie. Deux anges, volant au-dessus d’elle, sont prêts à recueillir son âme. Le haut de la hallebarde, au-dessus d’un prêtre, à la riche chasuble, est une allusion à son arrestation. Un diacre, vêtu simplement d’une aube blanche et tenant un cierge, est agenouillé devant la Sainte. Des spectateurs ainsi que deux personnages accoudés à la balustrade d’un balcon, comme Tiepolo aimait à les représenter dans ses fresques, assistent à la scène. Sur le bord droit du tableau on remarque le couteau qui servit à égorger la Sainte, ainsi que ses yeux sur un plat d’argent. Cette iconographie, qui permet de reconnaître Sainte Lucie, ne se retrouve qu’à partir du XVème siècle.
Sainte Lucie est la Patronne des aveugles, des électriciens et des ophtalmologistes. En Suède, lors de la fête de la Sainte – le 13 décembre - des jeunes filles, de blanc vêtues, et couronnées de bougies, défilent en l’honneur de la Sainte, en allusion au prénom de Lucie qui dérive du latin lux – lumière.
Gianbattista Tiepolo
Giovanni Battista ou Gianbattista Tiepolo – (1696 – 1770) est un peintre vénitien extrêmement prolifique. Il est surtout connu pour ses grandes fresques décorant des églises et des palais de Venise et des environs. Il fut souvent appelé à l’étranger pour la décoration de palais ou de résidences. Il mourut d’ailleurs à Madrid. Il peignit aussi de nombreux tableaux qui se trouvent actuellement dans de nombreux musées du monde.