Histoire de la création d'Adam et Eve
Ces mosaïques du XIIIème siècle sont situées dans le narthex (porche d'entrée) de la basilique Saint Marc de Venise en Italie. Pour en savoir plus sur Venise et la basilique Saint Marc.
L'histoire de la création d'Adam et Eve
Le récit de la Création d’Adam et d’Eve se trouve, avec quelques variantes dans la Bible hébraïque et chrétienne, mais aussi dans le Coran.
Le récit généralement retenu se trouve dans le Livre de la Genèse II.7 Il y est dit que Dieu forma l’Homme à partir de la poussière du sol et qu’Il lui insuffla la Vie en lui soufflant dans les narines.
Le nom Adam – Ham – Adam - vient du mot hébreux Hama – Adama – qui veut dire la terre, la glaise, si bien que dans le Talmud, compilation de textes rabbiniques, Adam est formé à partir de boue. Dans le Coran, Adam – Alayhi – Salama – est formé à partir de terres de toutes couleurs, provenances et aspects, apportées par les Anges, pour que devenues Argile Sonnante, Allah lui insuffle la Vie.
Eve, dont le nom – Havah, signifie Vie, fut ainsi appelée par Adam, Mère de tous les vivants.
Dans la Genèse II.21.22 Adam, se plaignant de se trouver seul et sans aide, Dieu l’endormit, et prélevant une de ses côtes, en façonna une femme. Le mot côte vient de la traduction de saint Jérôme, mais l’hébreux le traduit préférentiellement par coté, ou flanc, d’où sortira Eve. Dans le Coran, Eve est créée à partir d’une côte gauche d’Adam.
Lorsque Dieu lui amena sa femme, Adam dit « Celle-ci, cette fois, est l’os de mes os, et la chair de ma chair » et l’accepta comme épouse. Mais, ayant été façonnée d’une partie d’Adam, sa femme devra lui être subordonnée.
Si ce récit est le plus connu, il existe une autre version dans la Genèse I.27.
Dieu créa l’Homme à son Image, mais aussi Homme et Femme, donc androgyne. Certains commentateurs du Talmud ont même parlé d’hermaphrodisme. Adam représenterait plutôt la double nature humaine, et la côte n’est que le symbole de la part féminine qui lui sera retirée. L’iconographie la plus fréquente représente Eve tirée du flanc d’Adam, ce qui accrédite la thèse de sa double nature.
Une tradition rabbinique, apparue au IIIème siècle ap. J-C, donne à Adam une première femme façonnée comme lui, à partir de terre. L’Alphabet de Ben Sira au Xème siècle ap. J-C la nomme Lilith. Celle-ci se considérait en toute chose l’égale d’Adam (voulant aussi s’unir sur lui, et non seulement sous lui) et devant le refus de ce dernier, le quitte pour devenir l’épouse du démon Samaël. Désireuse de se venger, elle causera, sous l’aspect du serpent, la chute d’Adam et d ’Eve et leur expulsion du Jardin d’Eden.
La phrase d’Adam « celle-ci » serait donc une allusion à sa première femme.
L’oeuvre
Les coupoles du narthex ont été décorées au XIIIème siècle de mosaïques à fond d’or racontant le Livre de la Genèse. Ce programme suit les lectures liturgiques de l’année, commençant par la Création et se terminant par Moïse.
La coupole de la Création se développe sur 3 registres.
- - Création du ciel et de la terre
- - Création du monde animal
- - Histoire d’Adam et Eve
Dans un décor fleuri et arboré, nettement inspiré par les jardins du Paradis de l’art islamique, Adam et Eve sont représentés dans un style tardif et même fruste, alors que les personnages des autres registres apparaissent mieux travaillés. Dieu Créateur est représenté jeune, portant un bâton et une nimbe, les deux crucifères, attributs habituels du Christ. On peut voir ici que Dieu prend une côte d’Adam, et des deux mains façonne Eve, puis la prenant à l’épaule la présente à Adam qui, le doigt tendu, accepte « Celle-ci ». Après avoir mangé le fruit de l’Arbre de la Connaissance, ils cachent leur nudité par des feuilles de figuier.
En savoir plus sur l'artiste
Nous ne savons rien sur les ateliers qui ont œuvré à Venise du XIème au XIIIème siècle. Il s’agit certainement, ou d’artistes locaux restés en contact avec le monde bysantin, ou d’artistes grecs installés en Italie illustrant les thèmes de l’Eglise Romaine. Dans les deux cas les tesselles à fond d’or sont omniprésentes. Du Xème au XIVème siècle la mosaïque fut par excellence la décoration des églises et autres lieux de culte avant de disparaître, remplacée par la peinture.