Histoire du Massacre des Saints Innocents
Cette tempera sur toile est exposée au musée du Capodimonte à Naples. Pour en savoir plus sur Naples et le musée du Capodimonte.
Le massacre des Saints Innocents
Cet événement n’apparaît que dans l’Evangile de saint Mathieu, puis dans le Protévangile de Jacques le Juste, apocryphe du IIème siècle. La Légende Dorée de Jacques de Voragine (1228 – 1298) assura la diffusion du culte des Saints Innocents en Europe. La mort de ces enfants accomplissait la prophétie de Jérémie. Après de départ des Mages, un Ange avait averti Joseph du massacre qui se préparait et lui avait ordonné de fuir en Egypte avec sa femme et l’enfant. Pour en savoir plus sur la fuite en Egypte. LES SAINTS INNOCENTS sont fêtés le 28 décembre et honorés comme des Martyrs car ils furent les précurseurs de tous ceux qui allaient périr pour affirmer leur foi. |
L’oeuvre
Cette tempéra sur toile fut peinte vers 1480 suite à une commande d’Alphonse II d’Aragon, duc de Calabre, pour honorer les 800 habitants d’Otrante qui, ayant refusé de renier leur foi, furent tués par les turcs le 14 août lors du sac de cette ville. L’action se passe curieusement dans le palais d’Hérode assis sur un trône de marbre, aux accoudoirs ornés de bêtes fauves. La coquille qui le surplombe est nettement de style renaissance. Hérode porte sa couronne; sa tunique dorée semble recouvrir une armure aux jambières décorées de têtes humaines ainsi qu’on le voit dans les armures de parade de l’époque. Sous le regard désapprobateur d’un conseiller, la tête recouverte d’un turban seule allusion aux turcs, et à la barbe blanche, signe de sagesse, Hérode, le bras tendu, le visage crispé, ordonne aux soldats de poursuivre leur œuvre. Un témoin, caché derrière une fenêtre grillagée, assiste au spectacle. Les soldats, curieusement revêtus de tenues très diverses, poursuivent les mères et arrachent de leurs bras les enfants qu’ils vont tuer. |
Au premier plan, devant une femme qui se tord les mains de désespoir, des enfants ensanglantés jonchent le sol. A l’arrière-plan, dans une perspective très réussie, règne le chaos d’où surgissent des épées, des bras levés désespérément vers le ciel et un enfant brandi à bout de bras, soit par une mère espérant le sauver, soit par un soldat qui s’en est emparé. Dans cette peinture au réalisme poussé à l’extrême, la gamme chromatique est très riche. La pâleur du visage des mères, le rose de la tunique du soldat au visage noirâtre, le bleu du soldat casqué, le rouge des robes, toutes ces couleurs sont dominées par la tunique d’or d’Hérode.
Pour en savoir plus sur l'artiste :
Matteo di Giovanni ou Matteo di Giovanni di Bartolo, né à Borgo Sansepolcro en 1430, mort à Sienne en 1495, commença à travailler à Sienne comme peintre et doreur dans l’atelier de Giovanni di Pietro. Il fut influencé par Pierro della Francesca son contemporain avec lequel il travailla sur certains tableaux. Bien intégré dans la ville de Sienne, il y fut vite considéré comme un maître de la peinture siennoise. Il reçut des commandes, aussi bien civiles que religieuses, des villes de Sansepolcro, Pienza, Padoue et bien sûr Sienne. Il s’éloigne peu à peu du style hiératique et mystique de la peinture siennoise toujours attachée au style bysantin pour le réalisme et l’étude de la perspective de l’école florentine. Il fut le maître du Guidoccio Cozzareli, connu pour son œuvre de miniaturiste.