Histoire du sacrifice d'Abraham
Cet ensemble sculpté est un élément faisant partie du retable de San Benito situé au Musée National des sculptures à Valladolid en Espagne. Ces éléments ont été extraits du retable, d'autres parties de celui-ci sont exposées dans le musée.
Le groupe en bois polychrome et doré faisait partie du grand retable du monastère de san Benito el Real. Il fut sculpté et peint par Alonso Berruguette né à Parades de Nova en 1490 et mort à Tolède en 1555. Peintre, sculpteur et même architecte, il part en Italie en 1503 où il travaille dans l’atelier de Michel Ange. Il revient en Espagne en 1518 pour rejoindre la cour de Charles Quint. Sa peinture est influencée par le maniérisme italien et la puissance de Michel Ange se voit dans son œuvre sculptée.
Abraham apparaît dans la Bible mais aussi dans le Coran sous le nom d’Ibrahim.
Dieu scella une alliance avec Abraham et lui promet une nombreuse descendance alors qu’il est âgé de 99 ans et que sa femme Sarah est stérile. Effectivement, un an après, naît Isaac.
Mais Dieu mit Abraham à l’épreuve en lui demandant de lui sacrifier son fils Isaac. Abraham prit avec lui deux serviteurs ainsi que du bois pour l’holocauste (un sacrifice religieux). Arrivant au lieu indiqué par Dieu, Abraham éleva un autel qu’il couvrit de bois avant d’y lier Isaac. Il prenait son couteau pour égorger son fils, lorsque la voix d’un Ange arrêta son geste, car Dieu était satisfait de son obéissance. Il lui indiqua aussi le bélier retenu pas ses cornes dans le buisson et qu’il devait offrir en holocauste à la place de son fils.
Pour les musulmans c’est Ismaël (l’ancêtre des arabes) qu’il avait eu avec sa servante égyptienne Agar qu’il devait sacrifier. La fête de l’Aïd el Kebir commémore cet événement.
La sculpture, d’une hauteur d’environ 1 m, est en bois polychrome et doré. Abraham, avec une longue barbe lui atteignant le torse, la tête tournée vers le ciel, oblige Isaac à s’agenouiller sur le bûcher. Celui-ci, les mains liées dans le dos, a la bouche ouverte, comme s’il interrogeait son père sur son sort. Ses cheveux abondants sont dorés et les vêtements des deux protagonistes sont en papier encollé et doré.
Dans ce groupe, comme dans tout le retable de san Benito, Alonso Berruguette a su faire une admirable synthèse entre le maniérisme des peintres italiens (voir le rendu des chairs) et la dramaturgie puissante des corps apprise auprès de Michel Ange.