Histoire de Loth et ses filles
Cette huile sur toile du début XVIIème siècle, œuvre de Simon Vouet, est exposée au musée des Beaux Arts de Strasbourg. Pour en savoir plus sur le musée des Beaux Arts de Strasbourg.
Histoire de Loth et ses filles
L’histoire de Loth ou Lot, Lut dans le Coran, se trouve dans le Livre de la Genèse et dans le Livre du Juste, apocryphe du XIème siècle.
Loth est le fils d’Aron, un des frères d’Abraham. Abraham et Loth menaient ensemble leur troupeau et vivaient dans le même campement. Mais les pâturages venant à manquer, ils durent se séparer, Abraham restant au pays de Canaan et Loth préférant se rapprocher de la ville de Sodome. En effet, lorsque les conditions climatiques n’étaient pas favorables à leur mode de vie, les nomades se rapprochaient des villes et se sédentarisaient ainsi peu à peu.
Un jour, Yahweh annonça à Abraham qu’à cause de leurs péchés Sodome et Gomorrhe allaient être détruites. Loth, vivant à présent à Sodome, Abraham obtint de Dieu que ces villes soient épargnées si au moins dix Justes y vivaient.
Deux hommes, en réalité des Anges envoyés par Dieu pour trouver ces dix Justes, entrèrent dans Sodome et Loth les rencontrant les pria de venir loger dans sa demeure. Avertie de l’arrivée de deux jeunes hommes d’une grande beauté, une foule d’hommes de tous âges assiégea la maison de Loth exigeant qu’il leur livre ses hôtes. Loth, dont les habitants de Sodome avaient déjà tué sa fille aînée Paltith pour avoir nourri un mendiant étranger, ce qui était interdit par la loi, leur proposa en échange de leur livrer ses deux autres filles Pheiné et Thamma, encore vierges, à la place des deux étrangers qui, étant ses hôtes, lui étaient sacrés. La foule refusa et voulut forcer les portes de la maison mais les deux anges frappèrent ces hommes de cécité les empêchant ainsi d’accomplir leur acte odieux .
Les anges avertirent Loth que n’ayant trouvé dix Justes, la ville allait être détruite et l’incitèrent à la quitter sur le champ. Personne de son entourage n’ayant voulu le croire, Loth quitta Sodome accompagné uniquement de sa femme Ado et de ses deux filles, mais ils avaient été avertis qu’ils ne devraient en aucun cas se retourner lors de leur fuite. Loth et sa famille coururent vers la ville de Segor pour s’y réfugier, mais sa femme, s’étant retournée pour voir la pluie de soufre et de feu qui s’abattait sur Sodome et Gomorrhe, fut changée en statue de sel. Loth gagna alors, avec ses deux filles, la montagne pour habiter en sécurité dans une caverne.
Cependant, le temps passant, voyant leur solitude et l’absence d’homme de leur religion, les deux sœurs décidèrent de s’unir avec leur père pour assurer leur descendance. Pour ce faire elles enivrèrent leur père et d’abord l’aînée, puis le lendemain la cadette, purent commettre cet acte sans que Loth ivre ne s’en rende compte.
De cette union naquirent Moab, le Père des Moabites et Ben-Ammi, le Père des Ammonites. Ces deux peuples furent avec les Philistins les ennemis d’Israël qui les détruisit vers le VIème siècle av.J-CH.
Cet inceste fut la cause de nombreuses exégèses aussi bien chez les Juifs que chez les Chrétiens. Dans le Coran, Loth est considéré comme un prophète, mais l’épisode de la caverne n’y paraît pas. Dans les commentaires hébraïques, si l’acte est certes condamnable, l’union entre un Juif et un païen est tout aussi condamnable. L’avis des Pères de l’Eglise est très partagé et si, en général, par son ivresse, Loth est absout de tout péché, il n’en est pas de même pour ses filles, même si cet acte fut commis dans un but louable pour suivre l’Instruction de Dieu « croissez et multipliez vous ».
L’oeuvre
Très tôt, graveurs et peintres illustrèrent l’histoire de Loth, abandonnant sa fuite hors de Sodome pour l’épisode de la caverne, traité d’une manière plus galante que biblique. Dans cette veine, Simon Vouet nous montre un Loth à la figure réjouie, presque concupiscente, plutôt qu’abrutie par le vin. Il caresse la poitrine offerte de sa fille qui, légèrement en arrière, semble s’ouvrir au dessein de son père.
Sa sœur cadette, la gorge presque dénudée, serre contre elle le vase très ouvragé contenant le vin destiné à enivrer son père et, cachée par lui, regarde craintive mais intéressée, la scène entre son père et sa sœur. La caverne est à peine esquissée, illuminée par le bleu intense du vêtement de Loth.
En savoir plus sur l'artiste
Simon Vouet naît à Paris en 1590 et son père, Laurent Vouet, lui assurera ainsi qu’à son frère une solide formation. Il quitte la France en 1604 et voyage en Angleterre et à Istanbul avant de se fixer en Italie. Après Venise, Naples et Gêne, il s’installe à Rome où il connaît un grand succès, recevant de nombreuses commandes, tant privées que religieuses. En 1629, devenu un Maître du baroque romain, il est appelé en France par Louis XIII (1601 – 1643) qui le charge de la décoration de ses palais du Louvre et du Luxembourg. Il travaille aussi pour le Cardinal de Richelieu et d’autres grands personnages. Passé un peu de mode, il meurt à Paris en 1649. Ses œuvres se trouvent aujourd’hui, aussi bien dans les églises et palais d’Italie et de France que dans les musées du monde entier.