Histoire d'Amour et Psyché
Cette huile sur toile de Gaspare Landi représenteAmour et Psyché. Elle est située au Musée Correr, à Venise. Pour en savoir plus sur Venise.
L'histoire d'Amour et Psyché
Cupidon (Amour) est originellement un dieu primitif né du Chaos, mais une tradition ultérieure le fait naître des amours de Vénus (Aphrodite) et de Mars (Ares).
Il apparaît dans l’art grec vers le Vème siècle av-JC, le plus souvent sous la forme d’un enfant muni d’ailes et portant un arc dont les flèches frappent ceux à qui il veut inspirer de l’amour.
Psyché, en tant que personnification de l’Ame humaine, est représentée avec des ailes de papillon. En effet, le mot psukhé, en grec ancien, signifie à la fois âme et papillon.
L’histoire de Cupidon et Psyché nous est conté par le roman - les Métamorphoses - plus connu sous le nom l’Ane d’Or - de l’écrivain médio-platonicien Apulée (125-180 ap.JC.).
Un roi avait trois filles dont la plus jeune – Psyché – était d’une telle beauté qu’elle était comparée à Vénus elle-même, qu’elle aurait égalée et même surpassée.
Vénus, jalouse et furieuse de cette comparaison, chargea son fils Cupidon de lui faire aimer, en la frappant d’une de ses flèches, l’homme le plus laid de la terre. Mais la voyant, Cupidon en tomba amoureux et chargea Zéphir – dieu du vent d’ouest – de l’emporter dans son palais enchanté. Nul être vivant n’y vivait et c’est seulement la nuit, dans l’obscurité, que Cupidon la rejoignait dans sa couche, lui interdisant de le voir. S’ennuyant seule dans ce palais, Psyché obtint de Cupidon de faire venir ses deux sœurs. Celles-ci persuadèrent leur sœur de passer outre à cet interdit et de voir si ce n’était pas un être monstrueux qui ne se manifestait que dans l’obscurité.
Une nuit, Psyché alluma une lampe et troublée par la beauté du jeune homme endormi, laissa tomber sur lui une goutte d’huile brûlante. Réveillé, Cupidon s’envola pour rejoindre sa mère lui avouant sa trahison, laissant seule Psyché dans le palais. Désespérée, celle-ci rechercha partout son amant et finit par s’adresser à Vénus elle-même qui, toute à sa vengeance la maintint en esclavage et lui imposa quatre épreuves, apparemment insurmontables. Mais des amis de Cupidon lui apportèrent leur aide ainsi :
- Des fourmis l’aidèrent à trier des graines mélangées entre elles.
- Devant rapporter la laine de moutons mangeurs d’hommes, un roseau lui conseilla de les tondre pendant leur sommeil.
- Un aigle puisa pour elle de l’eau du Styx, le fleuve des Enfers.
- Pour en finir, Vénus lui intima l’ordre de descendre aux Enfers pour lui rapporter un flacon contenant un onguent de beauté détenu par Proserpine (Persephone). Persuadée qu’elle ne pourrait accomplir cette dernière épreuve, elle allait se jeter du haut d’une tour, mais cette dernière lui donna de judicieux conseils : donner à Cerbère, le chien à 3 têtes, gardien des Enfers, un gâteau imprégné de somnifère, de se munir de deux oboles pour payer à l’aller et au retour Charon, le passeur du fleuve Styx, et chez Proserpine, de ne pas s’asseoir et de ne pas manger, à défaut de rester éternellement En-Bas. Et surtout de ne pas ouvrir le flacon que la déesse lui remettra. |
Cupidon, pardonné par sa mère, partit à sa recherche, et la trouvant morte, la ressuscita avec une de ses flèches. Il l’emmena dans l’Olympe, où Jupiter (Zeus) lui-même célébra leur union dont naquit leur fille Volupté (Hêdoné).
Cette histoire a inspiré de nombreux artistes et écrivains, mais symbolise aussi, surtout pour les platoniciens, la destinée de l’âme qui après des épreuves, s’unit à l’Amour Divin et atteint la Vie Eternelle.
L’oeuvre
Gaspare Landi, voulant prouver à Antonio Canova, dont il était l’ami, que la peinture pouvait égaler la sculpture et créer les mêmes émotions, choisit la dernière œuvre du sculpteur – Psyché ranimée par le baiser de Cupidon – réalisée en 1793 et qui avait suscité un enthousiasme immédiat. Dans le conte d’Apulée, Psyché est ranimée à la vie par une flèche, et non par un baiser de Cupidon.
Entre 1794 et 1796 Landi peignit ainsi un pastiche de l’œuvre de Canova. Peintre néo-classique, il place ses protagonistes devant un paysage boisé. Cupidon, les ailes encore à demi déployées, se penche vers Psyché qui se dresse vers son amant, lui tendant ses lèvres et entourant sa tête de ses bras. Landi ajoute des ailes de papillon à Psyché, alors qu'elles n'existent ni dans l'oeuvre de Canova ni dans le conte d'Apulée, car elle y est représentée sous sa forme humaine et non d'allégorie de l'âme. L’œuvre de Landi paraît assez mièvre, surtout opposée à l’œuvre en ronde bosse de Canova, œuvre destinée dès le départ à être vue de tous les côtés, ce qui bien sûr n’était pas dans les possibilités de la peinture. A sa décharge, il faut reconnaître qu’il s’était attaqué à une œuvre exceptionnelle exposée actuellement au musée du Louvre.
En savoir plus sur l'artiste
Gaspare Landi est né à Plaisance le 6 janvier 1756 dans une famille noble mais désargentée. Après des études chez les Jésuites, il entre en 1776 dans l’atelier du peintre parmesan G. Bandini, puis poursuit sa formation d’atelier en atelier.
Son père est emprisonné pour dettes, mais grâce à l’appui financier d’un parent, il peut, en 1781, gagner à Rome les ateliers de Domenico Corvi, spécialiste des scènes d’Histoire et de Mythologie et de Pompéo Battoni dont les portraits étaient très appréciés des anglais effectuant le « Grand Tour ».
Grâce à cette double formation, Landi réalise alors des peintures à sujets mythologiques qui le feront connaître, et des portraits qui assureront sa fortune. Son œuvre, néo-classique, teintée de naturalisme, lui vaudront de nombreuses commandes. Il est élu à l’Académie de S. Lucia dont il deviendra président entre 1817 et 1830.
En 1820 il rejoint sa ville natale de Plaisance, mais retourne à Rome en 1824, certainement lassé de cette vie de province. Sa dernière grande œuvre sera la décoration de l’église S. Francisco di Paola à Naples qu’il terminera en 1829. Il meurt à Plaisance le 27 février 1830.