Histoire du Suicide de Lucrèce
Ce tableau représentant le suicide de Lucrèce est une oeuvre attribuée au Maître du Saint Sang. Il se trouve au Musée des Beaux Arts à Budapest.
L'histoire du Suicide de Lucrèce
Cet événement est relaté par Denys d’Halicarnasse (60 av-J.C.. – 8 ap.J.C.) dans ses Antiquités Romaines et Tite Live (30 av.J.C. - 17 ap.J.C.) dans son Histoire Romaine.
Pendant le règne (534 – 509 av.J.C.) de Tarquin le Superbe, 7ème roi de la dynastie étrusque, Rome entra en guerre contre les Rutules. Le siège de la ville d’Ardea était mené par le roi et ses fils. Au cours d’un banquet les princes décidèrent de retourner à Rome pour voir comment leurs femmes se comportaient en leur absence. Alors que les épouses princières se divertissaient, Lucrèce, la femme de Tarquin Collatin, un parent des Tarquin, filait la laine au milieu de ses servantes.
Sextus Tarquinius, un des fils du roi, ébloui par la beauté de Lucrèce, se rendit en cachette dans sa demeure. Devant son refus de lui céder, il la menaça d’ajouter le déshonneur à sa mort en plaçant à côté d’elle un esclave égorgé pour qu’on croit qu’elle avait été surprise commettant l’adultère.
Elle dut ainsi lui céder, mais après le viol elle convoqua son père et un ami de ce dernier, ainsi que son mari et le cousin de celui-ci, Lucius Brutus. Lucrèce leur raconta son viol, et malgré qu’ils lui eurent affirmé qu’elle n’était en rien coupable, exigeant qu’ils la vengent, elle saisit un poignard caché dans son vêtement et se l’enfonça dans le coeur. Collatin et Brutus portèrent le corps de Lucrèce au Forum, exhortant la foule à se révolter contre la tyrannie des Tarquin. Sextus Tarquin put fuir hors de la ville, mais Tarquin le Superbe ne put jamais récupérer Rome et dut se résoudre à l’exil. Collatin et Brutus devinrent les premiers magistrats de la Nouvelle République Romaine, mais le nom des Tarquin était tellement honni que Lucius Tarquinius Collatinus dut lui aussi s’exiler. |
Cet événement ne s’appuie sur aucun document écrit, mais uniquement sur une tradition orale déjà mythique du temps de Tite Live. Il marque ainsi le commencement de la fin de l’hégémonie étrusque.
L’oeuvre La peinture, huile sur bois datant des années 1530, est très caractéristique du style du Maître du Saint Sang. Lucrèce est vêtue d’une riche robe renaissance, aux manches à crevés. Elle a ouvert sa chemise pour enfoncer le poignard sous ses seins nus. A peine une goutte de sang sourde de la plaie ne souillant pas la beauté de son buste. Les bijoux qu’elle porte indiquent son haut rang social. La bouche est petite, les yeux mi-clos sont en demi-lune. Ses cheveux bruns, abondants , presque roux et frisés, tombent sur ses épaules. Un léger voile blanc, retenu par une ferronnière, flotte à l’arrière de sa tête. |
En savoir plus sur l'artiste
Le Maître du Saint Sang est un peintre flamand anonyme, actif à Bruges dès 1510. A cette époque, de nombreux artistes ne signaient pas leurs œuvres, et ces tableaux anonymes sont classés par affinités stylistiques. On donna pour ce peintre le nom de Maître du Saint Sang à cause de la Pieta qu’il offrit en 1519 à la basilique du Saint Sang de Bruges. On ne connaît rien de lui, et les peintures qui lui sont attribuées sont essentiellement religieuses, exception faite de quelques interprétations du Suicide de Lucrèce. Son style s’apparente à celui de Quentin Metsys (1466 – 1530) ce qui pourrait faire penser qu’il fit à un moment partie de son atelier.