Histoire de Sainte Apolline
Cette huile sur bois d’un auteur inconnu du XVIème siècle représentant Sainte Apolline est exposée au Musée Unterlinden à Colmar. Pour en savoir plus sur Colmar et l'Alsace.
Histoire du martyre de Sainte Apolline
Le martyre de Sainte Apolline est relaté par Eusèbe de Césarée dans son Histoire Ecclésiastique, reprenant une lettre de l’évêque Denys d’Alexandrie à Fabien, évêque d’Antioche. Jacques de Voragine (1228 – 1288) reprend cette histoire dans le tome II de sa Légende Dorée.
Apolline, ou Apollonie, vierge consacrée d’un certain âge, vivait à Alexandrie sous le règne de Philippe l’Arabe (204 – 249) puis de Dece Trajan (201 – 251). Une vierge consacrée faisait vœux de vivre au service de l’Eglise dans le célibat et la chasteté.
En 250 des émeutes anti-chrétiennes éclatèrent à Carthage, mais surtout à Alexandrie qui, après Rome, était la ville la plus importante de l’Empire. La populace s’attaqua aux chrétiens, tuant souvent dans d’atroces souffrances ceux qui persistaient dans leur Foi. Des émeutiers rencontrèrent ainsi Apolline qui, malgré le danger, s’était aventurée dans les rues pour accomplir une sainte mission, et se moquant de son âge, lui brisèrent la mâchoire à coups de pierre puis lui arrachèrent les dents. Ils allumèrent ensuite un grand feu menaçant de l’y jeter si elle n’abjurait pas le Christ. La Sainte leur demanda un instant de réflexion, puis ayant ainsi trompé leur surveillance, elle se jeta d’elle-même dans le feu. Le suicide que d’autres Saints accomplirent, bien qu’interdit par l’Eglise, pouvait être pardonné s’il était réalisé sous l’inspiration de Dieu. |
Mais un certain nombre de chrétiens n’eurent pas le courage de Sainte Apolline et sacrifièrent aux dieux païens. A la mort de Dece en 251, ces repentis ou lapsi demandèrent leur réintégration dans la Communauté Chrétienne, créant ainsi une crise importante dans l’Eglise. Le Pape Corneille et l’Evêque de Carthage, Cyprien, prônaient le Pardon, mais l’anti-pape Novatien le refusait absolument.
Les restes de la Sainte, dont ses dents, furent pieusement recueillis et enterrés. Son culte se répandit au cours des Croisades et ses reliques furent essentiellement ramenées en France.
Canonisée en 1634 elle est fêtée le 9 février. Elle est la Sainte Patronne des chirurgiens-dentistes et invoquée pour guérir les maux de dents.
Ses attributs sont la Palme du Martyre et une tenaille avec ou sans dent, ou portant seulement une dent dans la main droite.
L’oeuvre
Il s’agit d’un petit retable de bois, d’aspect assez fruste, réalisé au XVIème siècle dans la région du Rhin Supérieur. Sur les volets intérieurs sont représentés, d’un côté Saint Nicolas et de l’autre Sainte Apolline, mais la statue de Saint Jacques le Majeur en pèlerin est un ajout du XIXème siècle.
Sainte Apolline, sur un fond d’or, est drapée dans une cape d’un rose un peu éteint qui laisse apparaître une robe dont la richesse est suggérée par quelques traits. Elle porte une couronne, allusion soit à celle du martyr, soit à un titre de princesse relaté dans certaines légendes tardives. D’une main elle tient la tenaille avec une dent, attribut essentiel de son supplice, et de l’autre, non une palme, mais un livre ouvert.
Cette œuvre peut être qualifiée comme une œuvre populaire comme on en trouve souvent dans les décors en bois de nombreuses petites églises et chapelles de Suisse et de la Vallée du Rhin.
En savoir plus sur l'artiste
Cette œuvre, vu sa rusticité, ne peut être que le travail d’un petit atelier local réalisant des travaux vendus ensuite dans son propre magasin. L’emploi de la feuille d’or, d’un coût élevé, semble écarter le travail d’un artiste itinérant, proposant son travail de ville en ville.