Histoire de Rinaldo et Armida
Cette huile sur toile est exposée au musée du Capodimonte à Naples. Pour en savoir plus sur Naples et le musée du Capodimonte.
Rinaldo et Armida
L’histoire de Renaud (Rinaldo) et d’Armide (Armida) se trouve dans le chant 16 du poème « La Jérusalem Délivrée » de Torquato Tasso, dit Le Tasse, (1544 – 1595). Cette œuvre écrite en 1580 conte dans un style épique et fantastique la première croisade (1096 – 1099) dirigée par Godefroy de Bouillon.
Armide, fille du roi de Damas, magicienne musulmane, souhaite la défaite et la mort des Croisés. Par ses enchantements Armide a déjà attiré de nombreux chevaliers séduits par sa beauté dans son île enchantée pour les changer en animaux. Le Tasse s’est là largement inspiré de la Circé d’Homère et de la magicienne Alcina de l’Arioste.
Renaud, fondateur mythique de la Maison d’Este de Ferrare, est le héros de cette croisade et son départ du camp chrétien, comme celui d’Achille dans l’Iliade, plonge les croisés dans l’impuissance et les malheurs.
Armide rencontre Renaud, mais s’éprenant de lui, l’emmène dans son île enchantée où par ses artifices elle le maintient dans une dépendance amoureuse. Pour cela, elle use d’un miroir de cristal dans lequel Renaud ne voit que la beauté de son amante et d’une ceinture tissée de tous les sentiments de l’Amour ce qui le tient encore plus attaché à Armide. Profitant de l’absence de la magicienne, deux chevaliers, Ubolde et le Danois, chargés de le ramener à Jérusalem, lui présentent le bouclier de diamant dans lequel Renaud se voit enfin tel qu’il est devenu, efféminé et alangui, couvert de bijoux et de parfums. Redevenu le Paladin qu’il était avant, il fuit cette île où l’amour le tenait enchaîné. Armide s’en aperçoit et usant de soupirs, de plaintes et de pleurs, tente en vain de le retenir. Après son départ elle fait disparaître son île et part sur son char magique rejoindre son palais de Syrie. |
L’oeuvre
Le tableau, une huile sur toile, fut peint vers 1601 pour le cardinal Odoardo Farnese. Il relate l’épisode des deux chevaliers chrétiens chargés de ramener Renaud au camp des croisés. Le jardin magique est représenté dans sa luxuriance par des fleurs, des grappes de raisins et un perroquet très exotique. Dans le fond on devine les portiques du palais d’Armide. Les deux chevaliers, cachés dans la végétation, armés et casqués en vrais hommes de guerre, l’un portant le bouclier de diamant, regardent effarés le couple d’amoureux.
Armide se regarde dans le miroir magique, mais Renaud, levant les yeux vers elle, la voit dans sa beauté réelle et encore plus belle dans le miroir. Renaud, vêtu d’une tunique rose, peu guerrière, qui le laisse presque dénudé, tient à la main le miroir de cristal et la ceinture dont Armide d’habitude ne se sépare jamais. La magicienne mêle ses boucles blondes à celles de Renaud, et la tunique bleue qui la drape à peine, laisse voir ses épaules ainsi qu’une jambe dénudée.
Dans ce tableau qui dans la chambre du cardinal Farnese faisait face à une Vénus endormie, Annibale Carracci abandonne l’exagération du maniérisme pour une composition classique donnant toute son importance au dessin et à l’équilibre des personnages.
Les Amours d’Armide et Renaud ont inspiré bien des compositeurs d’opéra, tels Lully, Gluck, Haendel et Rossini.
Pour en savoir plus sur l'artiste :
Annibale Carracci (Annibal Carrache) est un peintre italien né à Bologne en 1560. Il rejoint l’atelier de son cousin Ludovico qui l’envoie se former à Parme et à Venise. De retour à Bologne, il rejoint avec son frère Agostino l’Academia degli Incamminati. S’il peint un grand nombre de tableaux privés et religieux, ce sont les fresques réalisées avec Agostino et Ludovico aux Palais Fava et Magnani qui le font connaître. Le cardinal Odoardo Farnese le fait venir à Rome en 1595 pour réaliser la décoration de son palais. Il y réalise seul la voûte de la galerie, mais son travail ayant été peu apprécié, il sombre dans la dépression et meurt fou à Rome en 1609.