Histoire de Judith et Holopherne
Cette huile sur toile est située au palazzo Zevallos Stigliano à Naples. Pour en savoir plus sur Naples et le palais Zevallos Stigliano.
Judith et Holopherne
L’histoire de Judith et d’Holopherne fait partie des livres dits Deuterocanoniques de la Bible. Les catholiques et les orthodoxes les incluent dans l’Ancien Testament, mais les églises protestantes les considèrent comme apocryphes à l’authenticité douteuse. Le cadre historique du Livre de Judith est purement fictif et fut écrit au IIème siècle av.J-C pour conforter la foi d’Israël en la puissance de son Dieu.
Nabuchodonosor, roi de Ninive, charge Holopherne, général en chef de ses armées, de châtier les pays, dont la Judée, qui lui avaient refusé leur aide dans sa lutte contre le roi d’Ectabane. Semant la terreur sur leur passage, les troupes assyriennes mettent le siège devant la ville de Bethulie où les israélites s’étaient réfugiés. Dans cette ville vit Judith, riche, belle et pieuse veuve, faisant retraite, jeûnant et portant un cilice depuis la mort de Manassé son mari. Apprenant que faute d’eau, la ville voulait se rendre, elle convoque chez elle les Anciens, et leur reprochant leur manque de confiance en Yaweh, elle leur annonce qu’elle se rendra dans le camp ennemi pour y accomplir un exploit qui les délivrera des assiégeants. Après avoir imploré Dieu, Judith quitte ses vêtements de deuil, et revêtue de parures destinées à attirer le regard des hommes, accompagnée de sa servante, la surintendante de tous ses biens, elle quitte la ville pour le camp ennemi.
Amenée devant Holopherne elle lui annonce la chute prochaine de la ville, car Yaweh s’est détourné de ses habitants qui, torturés par la faim et la soif, ne suivent plus les interdits alimentaires de la Loi. Elle demande à Holopherne une tente pour s’y isoler dans la journée et l’autorisation de sortir le soir du camp, seule avec sa servante, pour y prier Dieu et attendre qu’Il lui annonce que le moment de s’emparer de la ville est venu.
Au 4ème jour, Holopherne la pria d’assister au festin qu’il donnait sous sa tente à ses officiers. Le soir venu, celui-ci fit sortir tous ses gens pour rester seul avec Judith, car il la désirait. Mais ayant trop bu, il restait effondré sur son lit, et Judith put ainsi s’emparer de l’arme du général et, le saisissant par les cheveux, il lui suffit de deux coups de cimeterre pour le décapiter. Elle tendit alors la tête à sa servante, restée devant sa tente, qui la mit dans le sac où elles tenaient leurs provisions. Les deux femmes purent sortir du camp sans être inquiétées car c’était leur habitude depuis 3 nuits. Judith rentra dans Bethulie sous les acclamations de la foule car le chef des armées d’Assour avait succombé sous la main d’une femme restée pure, et ce malgré les désirs d’Holopherne dont la tête fut suspendue aux remparts de la ville. Au lever du jour lorsque les assyriens virent ce spectacle, démoralisés, ils prirent la fuite poursuivis par les troupes d’Israël qui firent ainsi un riche butin. Après cette victoire, Judith vécut honorée et respectée par tout le pays avant de mourir à l’âge de 105 ans puis d’être enterrée dans la tombe de son mari. |
L’oeuvre
La toile de Louis Finson, datée de 1607, est la copie d’une œuvre perdue du Caravage. L’œuvre suit l’iconographie classique de ce sujet. Judith est vêtue d’une simple robe noire, rappelant son veuvage, et non des atours de fête destinés à séduire Holopherne. Farouche et concentrée, elle rejette vers l’arrière la tête de sa victime en la tirant par les cheveux, et armée d’une épée, cisaille le cou ainsi exposé. Holopherne, les yeux révulsés, essaie de se relever en prenant appui sur sa couche. La servante, ridée et goitreuse, détourne les yeux de ce spectacle et ne regarde que sa maîtresse en tenant à deux mains le sac destiné à recevoir la tête décapitée. Dans la Bible elle attend à l’extérieur de la tente et ne peut donc voir ce qui s’y est passé.
Le clair obscur, très caractéristique du caravagisme, n’est éclairé que par le rouge éclatant des tentures et du sang qui jaillit de la gorge d’Holopherne.
Pour en savoir plus sur l'artiste :
Ludewijk ou Ludovicus Finsanius francisé en Louis Finson est un peintre flamand, né à Bruges vers 1575. Il fut l’élève de son père Jacques Finson, peintre décorateur sur étoffe, avant d’aller vers 1600 continuer sa formation à Rome puis à Naples. Dans cette ville il fut, comme d’autres peintres, influencé par Le Caravage. Ves 1613 il s’installe à Aix en Provence réalisant de nombreuses œuvres religieuses et des portraits de personnalités de la région. Il quitte la Provence vers 1615 et, après un court séjour à Paris, rejoint les Flandres et meurt en 1610 à Amsterdam. Outre son activité de peintre, il fit aussi commerce d’œuvres d’art.