Histoire de Sainte Catherine d'Alexandrie
Ce retable, représentant Santa Catalina est l'oeuvre de Juan de Levi Il est à découvrir à la cathédrale de Tuleda en Espagne.
Histoire de Sainte Catherine d'Alexandrie
La Légende Dorée la fait naître vers 290. Son père serait le roi Coste de Cilicie (actuelle province d'Adana - Turquie) ou selon d'autres traditions, Cestus, le gouverneur romain d'Alexandrie. Elle vit et étudie à Alexandrie, à l'époque le centre le plus renommé de la culture hellénistique. Son exceptionnelle intelligence lui permet d'étudier et d'assimiler les écrits des philosophes et des penseurs de son temps et de l'Antiquité.
D’une rare beauté, sa vanité lui fait déclarer qu’elle n’épouserait qu’un jeune homme supérieur à elle, par la beauté, la culture et le rang social. Sa mère, secrètement chrétienne, l’envoie consulter un saint ermite qui, l’ayant écoutée, lui donne une icône de la Vierge, l’assurant qu’elle verrait bientôt Celui destiné à devenir son époux. La nuit suivante, la Mère de Dieu lui apparut avec son Fils, mais Celui-ci se détourna de Catherine, disant qu’elle n’était, ni belle, ni intelligente, ni de noble condition, car non régénérée par le baptême.
Catherine se convertit alors au christianisme et reçut le baptême. Dans une nouvelle vision, le Christ lui apparut, la regarda avec tendresse et lui donna un anneau, symbole de leur mariage mystique.
En 313, lors d’un séjour à Alexandrie de l’Empereur d’Orient Maximin, des jeux du cirque furent donnés en son honneur durant lesquels des chrétiens devaient périr brûlés vifs. Catherine se présenta alors devant l’Empereur, se déclara chrétienne et lui démontra toutes les erreurs du paganisme.
Maximin, séduit par sa beauté, organisa une controverse opposant la Sainte aux cinquante meilleurs philosophes de l’Empire, durant laquelle ses arguments l’emportèrent sur les rhéteurs qui se convertirent immédiatement au christianisme. Furieux, l’Empereur les condamna à être brûlés vifs, et les philosophes reçurent ainsi « le baptême du sang ».
Maximen proposa à Catherine de venir vivre au palais à l’égal de son épouse, mais devant son refus, car elle était mariée au Christ, la fit déshabiller, flageller puis jeter en prison, privée de nourriture. L’Impératrice, l’Augusta, accompagnée de Porphyre, le commandant de la garde, allèrent la voir dans son cachot. Ils virent alors la cellule remplie de lumière avec des anges soignant les plaies de la Sainte ainsi qu’une colombe qui lui apportait sa nourriture. L’Impératrice, Porphyre et les 200 soldats de la Garde se convertirent immédiatement à la foi chrétienne.
Au bout de douze jours de cachot, Maximen, voyant sa prisonnière toujours belle et en bonne santé, fit construire quatre roues garnies de pointes de fer destinées à déchirer et à broyer ses chairs. Au moment du supplice, Dieu détruisit les roues dont les débris tuèrent un grand nombre de païens. Comme à ce spectacle l’Augusta reprochait à son époux sa cruauté, se proclamant chrétienne ainsi que toute la Garde et son chef, celui-ci les fit tous décapiter, après avoir fait couper les seins de son épouse.
Maximen proposa alors à Catherine de devenir son épouse officielle, et essuyant un nouveau refus, ordonna qu’elle soit aussi décapitée. De son corps, que des anges emportèrent sur le Mont Sinaï, jaillit non du sang mais du lait.
Au VIIIème siècle les moines du couvent construit sur le Sinaï trouvèrent le corps intact d’une jeune fille qu’ils reconnurent comme étant celui de Sainte Catherine. Le couvent porte aujourd’hui son nom. Son culte, présent en Orient dès le Vème siècle, se diffusa largement en Europe durant les Croisades.
Bien que son nom ait été retiré du calendrier liturgique, son culte reste très populaire et elle est fêtée le 25 novembre, le jour de sa mort. Elle est la patronne des philosophes et des étudiants mais aussi, à cause des roues de son supplice, des charrons et des rémouleurs.
« Madame Catherine » fut l’une des voix entendues par Jeanne d’Arc. A partir du XIIème siècle les statues de Sainte Catherine portaient une coiffe qu’il était de tradition de changer tous les 25 novembre, d’où l’expression « coiffer Sainte Catherine ». Actuellement, ce sont les jeunes femmes non mariées à 25 ans, les catherinettes, qui portent des chapeaux fantaisistes le jour de sa fête. Les attributs de la Sainte sont nombreux – une couronne car fille de roi – la roue dentée de son supplice – l’anneau de son mariage mystique – l’épée de sa décapitation – la palme du martyr - plus rarement les corps des philosophes convertis gisant à ses pieds ou une triple auréole – verte pour la connaissance – rouge pour son martyr – et blanc pour sa virginité. |
L’oeuvre
Ce retable, tempéra sur bois, peint vers 1408, attribué à Juan de Levi ou à son atelier, se trouve actuellement dans la chapelle San Joaquin de la cathédrale de Tuleda. La prédelle comporte sept compartiments illustrant la jeunesse de Jésus associée à la vie de Saint Joseph. Le panneau central est occupé par la peinture monumentale de Sainte Catherine reconnaissable à certains de ses attributs - la roue dentée, l’épée , la palme, le nimbe, la couronne royale et apparaissant sous sa robe les jambes de l’un des philosophes de la controverse. Un ecclésiastique de haut rang, l’ordonnateur de l’œuvre, agenouillé à ses pieds, porte un phylactère sur lequel est inscrit en latin les premiers mots de l’Epître de Saint Paul à Timothée. |
Douze petits panneaux relatant la vie de la Sainte encadrent la figure centrale – ses rencontres avec l’Empereur – sa Controverse – ses emprisonnements et ses supplices.
Dans le couronnement se trouve classiquement la Crucifixion du Christ.
Si les panneaux latéraux sont bien représentatifs du gothique international, le visage de la Sainte, dans le panneau central, montre déjà l’influence de la renaissance italienne.
En savoir plus sur l'artiste
Juan de Levi ou Juan Levi est né dans une famille de juifs convertis de la province de Saragosse. A la mort de son oncle Guillen de Levi, il hérite de ses biens et de son atelier. Nous ne sommes assez bien documentés sur ses activités qu'entre 1388 et 1407. Il réalise parfois, avec le peintre Pere Rubert, de nombreux retables dans la province d'Aragon.