Histoire de Pénélope
Cette statue en marbre du XIXème siècle, oeuvre de Pierre-Jules Cavelier, est exposée au musée d'Orsay à Paris.
Histoire de Pénélope
L’histoire de Pénélope se trouve dans l’Odyssée, poème épique attribué à Homère, aède (poète chanteur) du VIIIème siècle av. J-CH.
Pénélope est la fille d’Icarios, frère du roi de Sparte Tyndare, et de la naïade Périboéa. Ayant gagné la course de char qui devait départager les prétendants à la main de Pénélope, jeune fille d’une remarquable beauté, Ulysse peut l’emmener à Ithaque où règne son père Laërte. Icarios, désespéré du départ de sa fille, ayant en vain proposé à son gendre de rester à Sparte, suit en se lamentant le char des nouveaux époux. Ulysse demanda alors à Pénélope de choisir entre son père et lui. Celle-ci se couvrit alors pudiquement de son voile en signe de soumission à son mari. Pausanias (110 – 180), dans sa description de la Grèce, relate qu’à cet endroit Icarios éleva une statue consacrée à la Pudeur. Ulysse, bien que réticent, dut quitter l’île d’Ithaque pour Troie où la guerre s’éternisera dix ans. Après le sac de la ville, Ulysse, poursuivi par la haine du dieu de la mer Poséidon, parce qu’il avait aveuglé son fils, le cyclope Polyphème, errera encore dix ans sur les mers avant de pouvoir rejoindre Ithaque.
Pendant toutes ces années Pénélope et leur fils Télémaque attendaient patiemment le retour d’Ulysse. Cependant la mort de ce dernier étant régulièrement annoncée, Télémaque, conseillé par la déesse Athéna sous les traits de Mentor, partit à la recherche de son père.
Mais le vieux roi Laërte s’étant retiré à la campagne, Pénélope restée seule ne pouvait régner sans homme à la tête du royaume. Des prétendants à sa main, venus aussi bien d’Ithaque que d’autres îles, au nombre de 108, s’installent au palais, y vivant sans respect ni mesure.
Sommée de choisir un nouvel époux, Pénélope espère gagner du temps et demande qu’elle puisse terminer le tissage du linceul (et non comme souvent écrit d’une tapisserie) destiné à Laërte qui se trouve au bord de la mort. Cependant toutes les nuits elle s’appliquait à défaire l’ouvrage de la journée.
Trahie par l’une de ses servantes, Pénélope imagine un autre stratagème disant, mais sachant que ceci était impossible, que son choix se portera sur celui qui pourra bander l’arc d’Ulysse. Aucun prétendant n’y arriva, mais Ulysse enfin revenu, déguisé en mendiant, tend l’arc, puis aidé de Télémaque et d’Athéna, de retour de leur voyage, massacrent sans pitié tous les prétendants. Mais sa colère ne s’arrêtant pas là, il fait pendre les servantes infidèles.
Le palais purifié, Euryclée, la nourrice d’Ulysse, monte aux appartements de Pénélope et lui annonce le retour de son mari et la mort de tous les prétendants. Malgré l’insistance de Télémaque lui affirmant que ce mendiant en haillons est bien son époux, il faudra qu’Ulysse lui décrive le lit nuptial qu’il avait fabriqué de ses propres mains pour qu’enfin elle se jette dans ses bras.
Le lendemain Ulysse se fait reconnaître par son père, puis ils vont ensemble affronter les familles des prétendants mais le combat n’aura pas lieu car arrêté par Zeus lui-même.
Des retrouvailles de Pénélope et d’Ulysse naîtra un fils, Ptoligorthès.
Dans la Télégonie d’Eugammon de Cyrène (environ 500 – 600 av. J-CH), Télégonos, le fils qu’Ulysse eut de la magicienne Circé lors de son séjour dans l’île d’Eéa, partit à la recherche de son père avec ses compagnons, mais ils furent jetés par une tempête sur les rives d’Ithaque. Ulysse les prenant pour des pirates les attaqua mais il fut tué par la lance empoisonnée de son fils. Télégonos retourna à l’île d’Eéa avec Pénélope qu’il épousera et dont il aura un fils, Italos qui donnera son nom à l’Italie. Télémaque, quant à lui, épousera selon les versions, soit Circé, soit sa fille Cassiphoné.
L’oeuvre
Ce marbre fut exposé en 1848 à l’Ecole des Beaux Arts de Paris peu après le retour de Rome de Pierre-Jules Cavelier et la critique salua unanimement une œuvre digne de l’Antiquité. La statue, achetée en 1849 par le duc de Luynes pour son château de Dampierre, entre en 2016 au musée d’Orsay enrichissant ainsi sa déjà riche collection de sculptures du deuxième Empire. L’artiste représente Pénélope endormie, épuisée de fatigue, ayant passé la nuit à défaire ce qu’elle avait tissé la veille.
Elle tient à la main la quenouille servant à filer la laine dont les pelotes se trouvent dans un vase à son côté. Si le haut des épaules, ainsi que les pieds, permettent d’admirer le poli du marbre, le travail des drapés fait montre d’une exceptionnelle virtuosité.
En savoir plus sur l'artiste
Pierre-Jules Cavelier naît à Paris le 30 août 1814. Il entre à l’Ecole des Beaux Arts en 1831 et y suit les cours du sculpteur David d’Angers (1788 – 1856) et du peintre Paul Delaroche (1797 – 1856). Ses œuvres seront ainsi largement inspirées par le style romantique, mais tout de même classique, ainsi que par les sujets historiques et mythologiques, privilégiés par ses Maîtres.
Prix de Rome, il rejoint la Villa Médicis de 1843 à 1847. De retour en France il reçoit d’importantes commandes pour des bâtiments publics de Paris, ville alors en pleine expansion. En 1864 il est nommé professeur à l’Ecole des Beaux Arts où il formera toute une génération de sculpteurs.
Il meurt à Paris le 28 janvier 1894 et son corps repose au cimetière du Père Lachaise.