Histoire de Sainte Engracia
Cette huile sur toile de 1650, oeuvre de Francisco de Zurbaran, est exposée au musée des Beaux Arts de Strasbourg. Pour en savoir plus sur Strasbourg et l'Alsace.
Martyre de Sainte Engracia
Le poète latin Prudence (348 – 410) dans son Peristhephanon ou Livre des Couronnes, nous décrit le martyre en 304 de Sainte Engracia et de ses 18 compagnons.
Engracia ou Engrance en français est née à Bracara Augusta, l’actuelle Braga au Portugal dans une famille princière et chrétienne. Destinée à épouser un Duc de la Gaule Narbonaise, elle rejoint son futur époux en passant par l’Espagne, accompagnée d’une escorte de 18 personnes dont son oncle Lupercio et sa suivante Julia. Ils arrivent à Cesaraugusta, l’actuelle Saragosse, où le Gouverneur Publius Dacianus (Dacien est un personnage inventé, mais récurent dans les textes hagiographiques), sur ordre des Empereurs Diocletien (244 – 311) et Maximien (250 – 310), persécute avec zèle et cruauté les chrétiens de cette Province.
Indignée, Engracia se rend chez le Gouverneur pour lui reprocher sa barbarie, mais s’étant déclarée chrétienne, elle est arrêtée ainsi que ses 18 compagnons qui sont de suite décapités. Dacien réserve à la jeune fille d’horribles et odieux supplices. Elle est d’abord flagellée, puis attachée par les cheveux à la queue d’un cheval, et promenée dans les rues de la ville jusqu’à sa prison où elle est déchirée par des peignes de fer, laissant à nu ses entrailles, son foie et son cœur. Cependant, comme elle continue à proclamer sa foi dans le Christ, ses bourreaux, lassés, lui enfoncent dans le front un clou porté au rouge, mettant ainsi le 16 avril 303 fin à ses supplices.
Au VIIème siècle, une chronique porte le nombre des 18 martyrs à 18000, créant ainsi la légende des Innombrables Martyrs de Saragosse qui sont fêtés le 3 novembre.
Le corps de la Sainte, accompagné par un cortège d’anges, sera pieusement enterré et une chapelle érigée sur sa tombe. Plus tard, il sera créé un monastère qui sera détruit en 1808 lors du siège de Saragosse par les troupes napoléoniennes. Dans la crypte de l’actuelle basilique du XIXème siècle, sont conservés deux sarcophages paléo-chrétiens sensés contenir les reliques de la Sainte et des martyrs de Saragosse.
Les attributs de Santa Engracia vénérée au Portugal – Espagne- et Pyrénées Françaises sont – une couronne, car d’origine princière, la palme des martyrs et le clou de son dernier supplice.
L’oeuvre
Devenu un peintre important et reconnu de la Contre-Réforme, Francisco Zurbaran reçoit de nombreuses commandes des communautés religieuses pour orner les nefs de leurs églises et leurs bâtiments conventuels.
Dans les portraits de ses saints personnages, il s’écarte du dolorisme et de la représentation de supplices complaisamment sanglants pour une vision simple, lisible et apaisée.
Sainte Engracia, comme pour d’autres Saintes qu’il a peintes, est représentée comme une jeune femme séduisante et élégante, vêtue d’une riche tenue de la Haute Société de l’époque. Dans ce portrait, Zurbaran éclaire la robe un peu terne de la Sainte par le rouge éclatant de la cape. Dans le visage calme et apaisé, mais non figé, ses yeux qui fixent le spectateur sont déjà remplis du Mystère de Dieu. La seule allusion à son supplice, et qui permet de la reconnaître, est le clou qu’elle tient fermement dans sa main.
En savoir plus sur l'artiste
Francisco de Zurbaran, naît le 7 novembre 1598 à Fuente de Cantos en Estrémadure dans une famille de petits commerçants. Il entre en 1614 en apprentissage dans l’atelier du peintre sévillan Pedro Diaz de Villanueva.
En 1617 il s’installe à Llerena où il se marie, mais il ne reste rien de sa production de cette époque. A partir de 1626 il gagne Séville où, devenant un peintre apprécié des congrégations, il crée pour suivre les commandes, un important atelier. En 1634 il travaille à Madrid pour le nouveau palais du Buen Retiro de Philippe II, mais ne se sentant pas à l’aise dans ce style décoratif, il retourne à ses tableaux religieux. En 1644 il reconvertit son atelier pour une production de masse destinée à l’Espagne coloniale, mais vers 1653, son style étant passé de mode, il réalise surtout des oeuvres de petite taille pour chapelles et oratoires privés. En 1664, appauvri, il meurt à Madrid dans une indifférence totale et son œuvre ne sera redécouverte qu’au XXème siècle grâce à de grandes rétrospectives, à New York, Paris et Madrid. Ses œuvres son visibles dans les musées du monde entier, mais aussi sur place à Séville et Madrid. |