Histoire de Saint Laurent
Cette huile sur toile du Titien représentant le martyre de Saint Laurent, est visible dans l'église Santa Maria Assunta (aussi connue sous le nom de Gesuiti) à Venise. Pour en savoir plus sur l'église des Gesuiti et Venise.
Vie de Saint Laurent
Saint Laurent Martyr, dit aussi Saint Laurent de Rome, serait né vers 220 dans la ville d’Huesca en Espagne. Ses parents, Orence et Patience, chrétiens convaincus, l’envoyèrent tout jeune à Saragosse pour y suivre des études de théologie. Il fait ainsi connaissance du futur pape Sixte II qui, venu d’Athènes, enseignait dans ce prestigieux centre d’études religieuses.
En 357, à l’élection de son maître au Pontificat , il le suit à Rome où il sera consacré diacre. Cette fonction le fait participer à la vie liturgique, mais l’amène surtout à gérer les biens de l’Eglise qui servent à soutenir et à aider les pauvres et les démunis.
L’Empereur Valérien interdit en 257 aux chrétiens de pratiquer leur culte. En 258 la persécution se durcit et le pape Sixte II est surpris le 6 août de la même année à participer à une réunion de chrétiens Le lendemain il est jugé et décapité avec quatre diacres.
Laurent, désireux de subir le martyre avec Saint Sixte le suit en pleurant, lui disant « Où allez-vous mon Père sans votre fils ? Où allez-vous Saint Pontife sans votre diacre ? » Le pape le rassure, lui annonçant sa mort dans trois jours et dans des épreuves bien plus pénibles qu’une simple décapitation.
Le Préfet de Rome avait momentanément épargné le Saint Diacre dans le but de se faire livrer les trésors de l’église pour renflouer les caisses de l’Etat. Mais Saint Laurent, suivant les ordres du pape, distribua tous les biens de l’Eglise aux pauvres qu’il présenta ensuite au Préfet disant « Voici les seuls trésors de l’Eglise et s’y ajoutent les perles et les pierres précieuses qui sont les Vierges et les Veuves consacrées à Dieu. » Furieux, le Préfet ordonna de le dénuder, de le faire déchirer à coups de fouet, puis de l’étendre sur un gril où les charbons placés en-dessous devaient peu à peu consumer ses chairs. Mais le Saint se riait de ses tortures, les offrant à Dieu, disant même moqueur « Je suis assez rôti de ce côté, vous pouvez me retourner » Il rendit l’âme peu après.
De nombreuses églises lui sont consacrées en Italie et en France. En Espagne le palais de d’Escorial fut construit par Philippe II en forme de gril en l’honneur du Saint.
L’iconographie le représente, ou subissant son martyre, ou debout en habit de diacre, tenant un gril rectangulaire, portant la palme du martyre ou le Saint Calice, avec ou sans pièces d’or. Il avait pu faire parvenir cette coupe, qui aurait servi lors de la dernière Cène du Christ, à ses parents, et elle se trouve actuellement dans la cathédrale de Valencia – Espagne.
Il est le Patron des cuisiniers et des rôtisseurs, des libraires et des pauvres. Il se fête le 10 août.
L’oeuvre
Cette peinture, huile sur toile, de grande dimension : 193cm/277cm, fut réalisée entre 1548 et 1559, à partir de l’esquisse du même sujet que Le Titien devait réaliser pour le roi d’Espagne Philippe II. La version de Venise était destinée à la sépulture du patricien vénitien Lorenzo Mazzola. Le Titien situe le supplice de nuit, utilisant la technique du clair-obscur qui lui permet, sur un fond sombre, de faire ressortir les personnages animés par la lumière des torches, le flamboiement du feu sous le gril et la clarté du ciel qui s’ouvre pour recevoir l’âme du Saint. Du palais, aux belles colonnes corinthiennes, dont le haut se perd dans la nuit, sortent quelques personnages réduits à des silhouettes sombres. Au pied du palais, les bourreaux s’affairent, maintenant le Saint sur le gril par les épaules et par une fourche, tandis qu’un autre active le feu. Le peintre utilise ici peu son fameux rouge qui ne se retrouve que sur un drapeau, une cape ou une épaulette. Saint Laurent, le visage extatique, tend son bras vers le ciel où l’attend sa récompense céleste. |
En savoir plus sur l'artiste
Tiziano Vecellio, en français Le Titien, est né vers 1488 à Pieve di Cadore en Vénétie.
Il se forme à Venise dans les ateliers de Gentile et Giovanni Bellini, avant de créer vers 1508, avec le peintre Giorgione son propre atelier, travaillant ensemble aux fresques - aujourd’hui disparues - de la façade de la Fondaco dei Tedeschi. A la mort brutale de Giorgione, il termine les tableaux de son ami et se rend à Padoue en 1511 pour réaliser quelques fresques de la Scuola di San Antonio. En 1516, à la mort de Giovanni Bellini, il devient le peintre officiel de la République de Venise, réalisant des fresques pour le Palais des Doges et des portraits des Doges successifs, car son talent de portraitiste était reconnu et apprécié. Entre 1518 et 1523 il réalise pour Alphonse d’Este, duc de Ferrare, des tableaux à sujets mythologiques et des portraits des proches de la Cour. Frédéric II de Mantoue lui commande plusieurs œuvres religieuses. Présenté à Charles Quint, il réalisera plusieurs portraits de l’Empereur, puis pour son successeur Philippe II, des peintures représentant les amours des dieux et déesses de la mythologie. Il meurt en 1576, peut-être de la peste, et son tombeau se trouve dans l’église dei Frari. |