Histoire de Niké
Cette fresque, représentation figurant sur une tombe à caisson, est située au musée archéologique de Paestum en Italie.
Cette représentation de la déesse de la Victoire – pour les grecs Niké ou Nika - se trouve sur une paroi de la tombe 86, dite du Retour du Guerrier, trouvée lors des fouilles de 1969 de la Nécropole d’Andriolo. Ce site se trouve à environ 2 km de Paestum, ville créée par des grecs venus de Calabre au VIIème siècle av.J.-Ch. Les samnites s’en emparent et la gouvernèrent jusqu’à la conquête romaine en 273 av.J.-CH.
L’édification de ces tombes débute à la période grecque au Vème siècle av.J.-Ch et se termine après la période samnite au IIIème siècle av.J.-Ch. Elles sont de type à caisson, longues de 2m50 à 3m, avec en général un toit à double-pente. Seules certaines tombes étaient peintes et réservées à l’aristocratie Ces peintures à fresque étaient exécutées juste avant l’inhumation par des artistes locaux encore influencés par la période grecque. La décoration présente en général une base rouge ou noire. La zone centrale illustre, soit des jeux funèbres, soit des enterrements, en général féminins, ou encore des scènes de la vie quotidienne. La zone sommitale est composée d’une frise de guirlandes ou de palmettes alternativement rouges et noires.
Niké
Niké ou Nika – la Victoire – est la fille du Titan Pallas et de Styx, symbole du Fleuve des Enfers. Elle a pour frères Cratos – la Force – et Zelos – l’Ardeur, et pour sœur Bia – la Violence. Bien qu’enfants d’un Titan, ils prirent parti pour les dieux dans la Titanomachie et devinrent par la suite les serviteurs de Zeus.
Dans la période grecque classique, Niké apparaît sous la forme d’une femme ailée, portée par Zeus dont elle est la messagère. Mais elle est surtout associée à Athéna dont elle est un des attributs. A la période hellénistique elle devient une divinité à part entière, même si aucun temple ne lui est consacré.
Peu à peu remplacée par Hermès comme messager des dieux, elle devient le symbole de la victoire et plane au-dessus du vainqueur, portant la couronne de laurier qui lui est décernée.
A Rome elle est Victoria, fille de la Force et de la Valeur. Dès le début de l’Empire elle remplace la déesse Vacuna des Sabins, et on lui élève des statues et des temples. Son image figure sur des pièces de monnaie, et des jeux sont donnés en son honneur. Victoria est représentée vêtue d’une longue robe romaine, tenant à la main, soit une couronne de laurier, soit une palme, soit un bouclier sur lequel est gravé le nom du vainqueur. Son culte se diffusa rapidement dans tout l’Empire Romain par l’intermédiaire des légions dont elle est la patronne.
L’oeuvre
La décoration de cette tombe dite « du Retour du Guerrier » est certainement l’une des plus belles des nécropoles samnites. Ces fresques allient une action suivie et cohérente à la finesse des traits des personnages ainsi qu’à une gamme chromatique vive et variée. Cette décoration est digne des belles céramiques grecques déposées dans ces tombes.
Le guerrier (le défunt), monté sur un magnifique cheval noir, porte le caractéristique casque à plumes des samnites, et une lance surmontée d’un vexille (étendard carré) pris à l’ennemi. Il est suivi d’un personnage qui pourrait être, soit un serviteur, soit plus probablement un prisonnier. Sa femme, la tête couverte, l’attend avec un vase à libation.
Il est précédé par Niké, les ailes déployées, ses cheveux volant au vent de la course. Sa robe est, avec une grande économie de moyens, suggérée par quelques traits. Des rênes qu’elle tient à deux mains, elle accélère la course du bige (char léger, tiré par deux chevaux).
Sur les autres parois, des scènes agrestes suggèrent le retour du maître dans son domaine. Des grenades, symboles de Perséphone et de l’Immortalité, séparent les différentes parois de la tombe.