Histoire de Dédale et Icare
Cette statue en marbre d'Antonio Canova représentant la célèbre histoire de Dédale et d'Icare est située au musée Correr de Venise en Italie. Pour en savoir plus sur Venise.
Dédale et Icare
D’après la légende, Dédale est le petit fils d’Erechthée, roi d’Athènes. Il fut formé à la sculpture et à l’architecture par Athéna elle-même.
Jaloux de son neveu Talos qui le dépassait dans son art, il le précipita du haut de l’Acropole, mais Athéna le changea en perdrix durant sa chute. Banni d’Athènes, Dédale trouva refuge en Crète à la cour du roi Minos. Celui-ci le chargea de construire un labyrinthe, vaste ensemble de bâtiments, galeries, et couloirs dont la complexité devait empêcher d’en trouver la sortie. Cette construction était destinée à y enfermer le Minotaure, monstre à corps d’homme et tête de taureau, né des amours de la reine Pasiphae et d’un taureau blanc envoyé par Poséidon.
Dédale fournit à Ariane, fille de Minos, le fil qui allait permettre à Thésée, venu tuer le Minotaure, de sortir du labyrinthe.
Minos, informé de cette trahison, fit enfermer dans son propre labyrinthe Dédale avec son fils Icare, né de son union avec Naucraté, une esclave crétoise. Pour s’en échapper, Dédale, toujours ingénieux, fabriqua des ailes de plumes collées entre elles par de la cire. Avant de s’envoler, il prévient son fils de ne pas s’approcher du soleil pour éviter que la chaleur de celui-ci ne fasse fondre la cire. Mais durant leur vol, Icare, oublieux des conseils de son père, monta trop haut, et ses ailes s’étant désagrégées, il tomba dans la mer qui porte actuellement son nom (la mer icarienne). La légende raconte que Talos, sous sa forme de perdrix, vola autour de lui durant sa chute, satisfait de cette vengeance.
Dédale atteignit la Sicile et trouva refuge auprès du roi Cocalos. Minos, qui le poursuivait de sa haine, le retrouva. Dédale accepta de le suivre en Crète, mais lui proposa d’abord de prendre un bain dont l’eau, à dessein trop chaude, l’ébouillanta. Minos devint alors un des juges des Enfers. Une autre version veut que Dédale et Icare quittèrent la Crète en bateau et que Dédale inventa non les ailes, mais les voiles. La légende d’Icare symbolise le danger qui guette les ambitieux et les téméraires, d’où l’expression Le mot « dédale » est devenu synonyme de labyrinthe et, au sens figuré, une situation complexe et confuse. |
L’oeuvre
Cette sculpture, en marbre de Carrare de 2m de haut, a été réalisée entre 1777 et 1779 pour le palais Pisani. Cette œuvre de jeunesse fut très admirée par ses contemporains vénitiens. L’influence baroque, qu’il abandonnera plus tard, s’y fait encore sentir.
Canova a représenté le moment où Dédale, tout en accrochant les ailes sur les bras de son fils, lui donne le conseil de ne pas voler trop haut donc trop près du soleil. Dédale, portant de curieux favoris XVIIIème siècle, affiche une moue amère et sceptique. Icare, nu, dans la grande tradition de la statuaire grecque, est légèrement penché en arrière, le front ceint d’un bandeau, regarde son bras maintenant ailé. Son pied droit est légèrement plié mettant ainsi en valeur l’harmonie et la beauté d’un jeune homme. Sur le socle gisent les autres ailes, ainsi qu’un marteau, symbole de l’artisan.
Pour en savoir plus sur l'artiste :
Antonio Canova est un sculpteur italien du XVIIIème siècle, né à Possagno – près de Trévise – en 1757, mort à Venise en 1822.
Né dans une famille de tailleurs de pierre, il intègre très jeune l’atelier du sculpteur baroque Giusuppe Bernardi – Torretto – qu’il suivra à Venise en 1760. Il y crée son propre atelier et sera admis à l’Académie des Beaux Arts. Il se rend à Rome en 1779 où il abandonne rapidement le style baroque pour l’esthétique néo-classique. Son succès est immédiat et éclatant et il lui sera demandé de réaliser les mausolées des papes Clément XIII et XIV. Il s’inspire de plus en plus de l’Antique pour ses sculptures profanes, et il deviendra bientôt le sculpteur préféré de la famille de l’Empereur Napoléon Ier. Couvert d’honneurs et de décorations, il jouira jusqu’à sa mort d’un prestige extraordinaire. Ses œuvres sont visibles dans de nombreux musées européens.
N’ayant jamais formé d’élèves, son œuvre classique mais à la fois lyrique et sensuelle tombera peu à peu dans l’oubli, avant d’être redécouverte et appréciée à sa juste mesure.