Histoire des Saints Côme et Damien
Cette mosaïque est située dans la Basilica dei Santi Cosma e Damiano le long du forum romain à Rome. Pour en savoir plus sur Rome.
La mosaïque qui orne l’abside de la basilique des Saints Côme et Damien, fondée par le pape Félix IV, date du VIème siècle. Les mosaïstes, considérés comme de simples copistes, ne signaient pas leurs œuvres, mais cette mosaïque paléochrétienne est caractéristique d’un atelier romain.
Les Saints Côme et Damien
Frères jumeaux, ils seraient nés en Arabie d’une mère chrétienne, et après des études de médecine en Syrie, vont exercer leur art dans la ville d’Aigeai, en Turquie. Ils acquièrent vite une grande réputation, soignant aussi bien les hommes que les animaux, mais n’acceptant aucune rétribution, ils trouvent leur récompense dans la foi chrétienne qu’ils peuvent ainsi propager. Ils sont aussi appelés les Saints Anargyres, c’est-à-dire sans argent.
Sous l’empereur Dioclétien (244 – 313) le proconsul Lysias exigea d’eux qu’ils sacrifient au culte de l’empereur. Devant leur refus il fit aussi amener leurs trois frères cadets, puis les ayant chargés de lourdes chaînes, les fit précipiter dans la mer. Comme les flots s’étaient écartés les laissant saufs, il les fit jeter dans un grand feu mais les flammes les épargnèrent, se retournant au contraire sur les spectateurs. Flagellés, puis lapidés, là aussi les pierres se retournèrent contre leurs bourreaux. Comme il en fut de même pour les flèches, Lysias les fit alors décapiter.
Leur martyre aurait eu lieu le 27 septembre 287 et leurs corps furent d’abord enterrés à Cyr en Syrie avant d’être transférés par l’empereur Justinien (527 – 565) à Constantinople. Pendant les croisades, les reliques des Saints Anargyres furent remises à diverses églises d’Europe.
Dès leur mort les deux Saints accomplirent de nombreux miracles, dont le plus connu est celui de la « jambe noire » : le gardien de l’église érigée en leur honneur à Rome souffrait d’une jambe gangrenée. Pendant son sommeil les deux Saints lui apparurent et lui greffèrent la jambe d’un éthiopien qui venait de mourir. A son réveil, le sacristain se retrouva avec une jambe blanche et l’autre noire, tandis qu’au cimetière, le corps de l’éthiopien portait la jambe malade du gardien.
Ils sont fêtés le 26 septembre et sont les saints patrons des chirurgiens, médecins et apothicaires.
L’oeuvre
Le Christ Glorieux (Parousie) aux yeux immenses fixant les fidèles, vêtu d’or, se tient sur une mer de nuages rouges et bleus. De la main droite il indique un phénix, symbole de la résurrection, ainsi qu’une étoile brillant dans le ciel, tandis que de la main gauche abaissée il tient le rouleau de la Nouvelle Loi. Ce geste illustre la double nature divine et terrestre du Christ. A gauche, Saint Paul lui présente Saint Côme portant sur un pli de son manteau la couronne de son martyre. Derrière eux le Pape Félix IV, identifié par une inscription, porte la maquette de l’église qu’il vient de faire bâtir.
A droite Saint Pierre, aux cheveux et à la barbe blanche, car il oeuvra avant Paul à diffuser le message du Christ, en fait de même en présentant Saint Damien. Pour équilibrer la scène ils sont suivis par Saint Théodore Tiron vêtu d’un riche costume d’officier, et tenant lui aussi la couronne du martyre. Seul le Christ porte une auréole faite de minuscules tesselles d’or et de smalts bleus en cercles concentriques. Les Saints ne seront nimbés que vers le IXème siècle.
Le Jourdain, où fut baptisé le Christ, sépare symboliquement le ciel et la terre. En-dessous, l’Agneau Mystique, à la nimbe argentée, se tient sur un tertre d’où sortent les quatre fleuves du Paradis cités dans la Genèse. Douze moutons, représentant les apôtres, se dirigent vers le Christ, source de vie éternelle. Sous la mosaïque se trouve une dédicace dans laquelle le pape Félix IV honore les Saints Médecins.
Il est dommage que le grand autel baroque et la voussure du XVIIème siècle empêchent, en entrant, de contempler la mosaïque dans toute sa totalité.