Histoire du Départ de Briséis
Ce bas-relief en gypse est une oeuvre réalisée par Antonio Canova. Il est situé au Musée Correr à Venise. Pour en savoir sur Venise.
L'histoire de Briséis
L’histoire de Briséis et Achille se trouve dans l’Iliade, et le récit qui débute par « la colère d’Achille » relate la fin de la longue (10 ans) guerre de Troie (Ilion). Ce poème, divisé en 24 chants, aurait été écrit par un aède (poète itinérant) du nom d’Homère au VIIIème siècle av.J.-Ch. Mais le texte ne sera fixé qu’au VIème siècle av.J.-Ch.
Achille, fils du roi d’Egine, Pelée, et de la néréide Thetis, participa à la tête de ses myrmidons à la guerre de Troie.
Briséis, appelée aussi Hippodamie, est la fille de Brisés, prêtre d’Apollon. Lors de la prise de Lyrnessos, alliée d’Ilion, par les achéens, les frères et le mari de Briséis furent tués et elle-même donnée comme butin à Achille.
Agamemnon, roi de Mycène, est le chef de la coalition grecque réunie pour recouvrer Hélène, femme du roi Ménélas, emmenée à Troie par Paris, un des fils du roi Priam. Chryséis ou Astynomé est la fille du prêtre d’Apollon Chrysés, et fut donnée à Agamemnon comme captive après la prise et le pillage du port de Chrysé. Chrysés, chargé de cadeaux de valeur, vint dans le camp achéen, suppliant Agamemnon de lui rendre sa fille. Ayant essuyé un refus, il demanda à Apollon, dont il était le prêtre, d’envoyer la peste sur le camp grec. Au bout de 10 jours, et devant l’insistance des chefs grecs, Agamemnon dut céder et rendit Chryséis à son père, mais exigea en compensation qu’Achille lui remette sa captive Briséis. Patrocle, ami et compagnon depuis l’enfance d’Achille, remit Briséis aux hérauts d’Agamemnon pendant qu’Achille, désespéré, pleurait dans sa tente. Il décida de ne plus participer aux combats, d’où l’expression « se retirer sous sa tente », et en son absence, les grecs subirent échec sur échec. |
Pour faire revenir Achille sur sa décision, Agamemnon lui offrit, en plus de nombreux cadeaux, de lui rendre Briséis qu’il jura n’avoir jamais touchée. Achille refusa d’abord, mais à la mort de Patrocle, tué par Hector, il accepta de reprendre ses armes. Briséis, revenue dans la tente d’Achille, pleura et cria sa douleur devant le corps de Patrocle qui, dés le début de sa captivité, était devenu son ami et confident. La dernière mention de Briséis par Homère la décrit partageant la couche d’Achille après qu’il eut tué Hector.
L’oeuvre
Entre 1787 et 1790 Antonio Canova, inspiré par l’œuvre d’Homère, créa une série de bas-reliefs en gypse (pierre à plâtre) de grande dimension. Il concentre sa sculpture, non sur le décor, mais sur la lisibilité de l’événement et la représentation des personnages.
Dans le bas-relief du musée Correr, dont l’intitulé complet est : Briséis rendue par Achille aux hérauts d’Agamemnon, Canova a magnifiquement rendu l’intensité de la scène. L’un des hérauts, tête basse, mains croisées, honteux de l’ordre qu’il doit exécuter, se dirige vers la sortie de la tente. Le deuxième, tourné vers Briséis, la prend par l’épaule, l’invitant à le suivre. Celle-ci, sagement vêtue, se tourne et regarde avec désespoir les deux héros, Achille et Patrocle, qui nus montrent ainsi la beauté de leur corps de jeunes guerriers. Patrocle pousse doucement sa captive vers son destin, tandis qu’Achille, bras et tête dirigés vers le ciel, adjure sa mère Thetis de punir les grecs. |
La chaise, avec à ses pieds un casque d’hoplite, sont le symbole de l’inactivité qu’il s’imposera jusqu’à la mort de son compagnon.
En savoir plus sur l'artiste
Antonio Canova naît en 1757 à Possagno en Venetie. Il perd son père à l’âge de 5 ans et c’est son grand père, tailleur de pierre, qui l’élève et lui enseigne les rudiments du métier.
Le sénateur Giovanni Falier lui fait intégrer l’atelier du sculpteur Giuseppe Bernardi qu’il suivra à Venise. Pendant ses années d’apprentissage les groupes Orphée et Eurydice et Dédale et Icare qu’il réalise, séduisent tellement qu’il obtient une bourse du Sénat pour aller se perfectionner à Rome.
Arrivé à Rome en 1780, il y étudie les sculptures de l’Antiquité, et sous l’influence du peintre Gavin Hamilton et du critique d’art Quatremere de Quincy, il se rallie au néoclassicisme, tout en gardant un goût certain pour le maniérisme. En 1783, il sculpte un Thésée terrassant le Minotaure qui soulève l’enthousiasme et lui vaut les commandes des monuments funéraires de Clément XIV en 1783 et Clément XIII en 1787.
Son chef-d’œuvre, Amour et Psyché, réalisé en 1783 et acheté par Joachim Murat, lui vaudra de devenir le sculpteur attitré de l’Empereur Napoléon Ier et de sa famille. A la chute de l’Empire, il devient le directeur des musées pontificaux et s’éteint à Venise en 1822. Son corps est déposé dans l’église des Frari.