Histoire des Trois Grâces
L’histoire des Trois Grâces est illustrée par ce groupe sculpté en marbre blanc visible au Musée de l’Hermitage de Saint-Pétersbourg en Russie. (Remarque : les photos présentées sur cette page ont été prises lors d'une exposition exceptionnelle à Amsterdam, le groupe sculpté n'est donc pas représenté dans son environnement actuel.)
Histoire des Trois Grâces
Dans la mythologie grecque elles sont appelées les Kharites (les Charités en français), du verbe khairo, se réjouir.
Elles furent d’abord deux à Athènes : Auxo, la Croissance et Hégémone, la Conductrice et à Sparte, Kleita la Croissance et Phaenna, la Radieuse.
Mais dans la théogonie d’Hésiode, poète grec du VIIIème siècle av.J.C., elles sont trois, filles de Zeus et de l’Océanide Eurymone. Il s’agit d’Aglaia, donnée comme épouse d’Héphaistos le dieu forgeron et boiteux, d’Euphrosyne et Thalia. Cependant chez Homère, la Kharité, épouse d’Héphaistos s’appelle Kharis et celle d’Hypnos, dieu du sommeil, Pasithéa.
Les grecs vouaient un culte aux Kharites, leur élevaient des temples et lors des banquets, une libation était faite en leur honneur.
A Rome, elles sont appelées les Gratiae, les Grâces en français, du latin gratia bienveillant. Il s’agit d’Aglaia, la splendide, messagère de Vénus, Thalia, la Verdoyante et Euphrosyne la Joyeuse. Elles personnifient tout ce qui est beau et agréable pour l’homme, les arts, la musique, la danse, la fête, la beauté et les rires. Elles sont les suivantes de Vénus, la déesse de la beauté et de l’amour et éternellement jeunes et belles, elles dansent pour les dieux au son de la lyre d’Apollon.
Lorsqu’elles se font face, les mains entrelacées, elles sont le symbole du bienfait que l’on donne, que l’on reçoit et que l’on redonne.
Elles étaient d’abord représentées dansant, habillées de voiles ou de robes flottantes, portant parfois chacune une pomme, ou la première une rose, la deuxième une branche de myrte et la troisième un dé à jouer. Plus tard elles apparaîtront telles qu’on les représente classiquement, tournant le dos au spectateur, l’une en face des deux autres.
L’oeuvre
L’œuvre fut commandée par Joséphine, première épouse de l’empereur Napoléon, à Antonio Canova.
Décédée avant de pouvoir la recevoir, ce fut son fils Eugène de Beauharnais qui en prit possession en 1816. Son fils Maximilien de Leuchtenberg l’emporta à Saint Pétersbourg où elle fut acquise par le tsar Alexandre Ier. Canova laissait à son atelier le soin de dégrossir le marbre, gardant pour lui la finition et surtout le polissage de ses œuvres pour leur donner cet aspect lumineux où la lumière joue comme sur une peau à la blancheur d’ivoire. Les Trois Grâces sont nues, juste revêtues d’une écharpe qui les unit et cache avec pudeur leur féminité. Elles sont penchées l’une vers l’autre, se tenant par les épaules, et les têtes rapprochées semblent prêtes au baiser, suscitant ainsi un certain émoi. Leurs cheveux légèrement tressés présentent le même nœud que celui attribué à Apollon, et le piédestal à l’arrière porte une couronne de roses, la fleur de Vénus. |
En savoir plus sur l'artiste
Antonio Canova naît le 1er novembre 1757 à Possagno dans une famille de tailleurs de pierre. Orphelin très tôt, il est élevé par son grand-père qui lui apprend les bases du métier puis l’introduit dans l’atelier du sculpteur Bernardi Tosseti.
Ses dons ayant été remarqués, il peut intégrer, grâce à la recommandation du sénateur Giovanni Falieri, l’école Santa Marina de Venise. Il remporte plusieurs prix à l’Académie des Beaux-Arts de Venise et ainsi, connu et apprécié, il gagne Rome à l’âge de 23 ans.
Son style néo-classique, inspiré de l’Antiquité, lui vaut immédiatement de nombreuses commandes, tant de particuliers que du Vatican et de Cours d’Europe. A la chute de l’Empire, les nombreuses commandes qu’il avait reçues de la famille impériale déchue, lui valurent quelques ennuis.
Il rentre cependant vite en grâce, et le Pape le charge même de récupérer les œuvres d’art volées en Italie par l’Empire Français.
Anobli, titulaire de nombreuses décorations, il meurt à Venise en 1822. Si son cœur se trouve à Venise dans l’église des Frari, dans un cénotaphe un peu froid et grandiloquent, son corps repose dans son village natal, dans le Temple Canoviana, qu’il s’était fait construire de son vivant et qui sert aussi de gypsothèque de ses nombreuses œuvres.