Histoire du sacrifice d'Iphigénie
L’histoire du sacrifice d’Iphigénie est illustrée par cette fresque de l'antiquité romaine détachée de la Maison du Poète Tragique à Pompéi et visible au Musée Archéologique de Naples. Pour en savoir plus sur le Musée Archéologique de Naples et Naples.
Histoire du sacrifice d'Iphigénie
Les sources antiques de ce drame se trouvent essentiellement dans les deux tragédies d’Euripide (480 – 40 av. J-C.) – Iphigénie à Aulis et Iphigénie en Tauride.
Iphigénie est la fille préférée d’Agamemnon, roi de Mycènes et d’Argos, et de Clytemnestre, fille de Tyndare, roi de Sparte, et de sa femme Léda.
Agamemnon est élu chef de la coalition grecque rassemblée à Aulis pour reprendre Hélène, femme de Ménélas, roi de Sparte, enlevée par Paris, fils du roi de Troie, Priam. Lors d’une chasse, Agamemnon tua une biche, animal préféré d’Artémis, se vantant même d’être meilleur chasseur que la déesse. Outragée, Artémis retint les vents empêchant ainsi la flotte grecque de faire voile vers Troie.
Consulté, le devin Calchas révéla que la déesse exigeait, pour être apaisée, qu’Agamemnon lui sacrifie son plus beau trésor, sa fille Iphigénie. Pour faire venir, sans méfiance, Clytemnestre et Iphigénie, et sur les conseils d’Ulysse, Agamemnon prétexta d’un mariage entre sa fille et Achille, roi des Myrmidons.
Malgré la douleur de Clytemnestre, l’indignation d’Achille dont on avait utilisé abusivement le nom, les supplications d’Iphigénie, les remords d’Agamemnon, les grecs exigèrent ce sacrifice pour pouvoir enfin rejoindre Troie, la piller et revenir riche de gloire et de butins.
Pour Euripide, Iphigénie accepte son destin par amour pour son père et le bien des grecs. Artémis, émue par cette grandeur d’âme, substitue au dernier moment une biche à la place d’Iphigénie qu’elle transporte dans son temple en Tauride. Iphigénie y sera ainsi chargée de sacrifier à la déesse tous les étrangers débarquant dans ce pays. Mais, reconnaissant un jour son frère Oreste, elle l’épargna et s’enfuit avec lui à Athènes. A sa mort elle rejoindra Achille dans l’île des Bienheureux pour y devenir sa femme ou, selon une autre version, devenue immortelle elle sera assimilée à Hécate, la triple déesse.
L’oeuvre
Sur cette grande fresque de 140 cm de long sur 138 cm de haut, les protagonistes étaient clairement identifiables par les contemporains de ce mythe bien connu du monde gréco-romain.
A l’extrême gauche, Agamemnon, drapé dans un grand manteau qui le dissimule entièrement, cache son visage et ses larmes de sa main. Il est père, mais aussi chef d’une coalition exigeant ce sacrifice. A côté de lui, un haut socle avec une statue d’Artémis Lucifer représente l’autel sur lequel doit être sacrifiée la victime. Au centre, un groupe montre Iphigénie en victime non consentante selon la tragédie d’Eschyle dont il ne reste que quelques passages. Elle est représentée dénudée pour ce sanglant sacrifice, se débattant dans les bras de deux hommes, les yeux et les bras tendus vers le ciel. Il pourrait s’agir d’Ulysse regardant ému le ciel, mais assumant jusqu’au bout son stratagème et l’autre homme serait alors Diomède, guerrier implacable et compagnon d’Ulysse. |
A droite, somptueusement vêtu, se trouve le devin Calchas. Bien qu’un devin ne soit chargé que d’interpréter le message des dieux, il porte cependant le couteau sacrificiel et une cordelette pour lier la victime. Mais il semble perplexe, et un doigt sur les lèvres, a l’air de se demander s’il ne s’est pas trompé sur les intentions d’Artémis.
Dans le ciel, véritable « deus ex machina », Artémis, reconnaissable à son arc, enjoint à une de ses compagnes de substituer à Iphigénie, non une biche, son animal favori, mais un cerf.
Si le temps a affaibli l’intensité des couleurs d’origine, et si l’artisan de Pompéi n’a pu accéder à des pigments extrêmement coûteux, la gamme chromatique est riche et permet au spectateur d’aujourd’hui de deviner la brillance des couleurs d’origine.
En savoir plus sur l'artiste
En-dehors de quelques célébrités dont les œuvres faisaient référence, les artistes en général ne signaient pas leurs œuvres car considérés comme des artisans. Ce fresquiste d’un atelier régional s’est inspiré d’un tableau, très connu à l’époque, mais aujourd’hui disparu, du peintre Timanthe de Kitnos actif au IVème siècle av. J-C. Il était célèbre pour l’expressivité qu’il donnait à ses personnages et à l’intensité émotionnelle qui s’en dégageait.
A Pompéi le peintre a travaillé « a fresco », ce qui l’a obligé à agir vite et sans possibilité de reprise. Son travail est digne de respect et même d’admiration.